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raillait à Berlin. On le raillait à Biarritz. Napoléon disait : « Il n’est pas sérieux ! » Bismarck se rappela ce mot, lors de l’entrevue de Donchery avec l’Empereur après la défaite de Sedan… On le prenait pour un fou : Der tolle Bismarck ! Et cependant « il prouva que la folie est parfois la sagesse d’un seul et que la sagesse n’est souvent que la folie du plus grand nombre. » Quant à la vérité vraie, il en faisait fi hautement. C’est ainsi que le 5 avril 1866, il avait promis de ne jamais avoir d’attitude offensive contre l’Autriche et que, le 8, il signait contre elle avec l’Italie une alliance offensive et défensive.

Klaczko jette un coup d’œil pénétrant sur la campagne qui va s’engager en Autriche et en Bohême. Il sait qu’à Paris on attend le moment opportun pour paraître en juge du camp et en restaurateur du droit. L’affaire de Custozza a déçu les Italiens et, si Benedek a le même succès, la face du monde sera changée. La France interviendra et imposera la paix sans tirer un coup de canon. Venise sera affranchie et l’Autriche dédommagée par la Silésie ; les États secondaires allemands recevront une organisation plus puissante ; les Polonais allemands de l’Ouest seront neutralisés par la constitution d’un nouvel État formé par les anciennes provinces rhénanes, et l’Empire français recevra ainsi la récompense de son adresse et de son désintéressement… Mais au lieu d’un Custozza, les défilés de la Bohême voient les Prussiens victorieux à Nahod, à Skalitz, à Gitchin, à Kœniggraëtz ou Sadowa. L’empire des Habsbourg semble frappé au cœur et les combinaisons de l’Empire français tombent en lambeaux.

Et deux ans après, que dit Klaczko, au mois de septembre 1868 ? « C’est la France malheureusement qui alors paya et n’a pas encore fini de payer le prix de ce que Boulier appelait les imprudences prussiennes ! »

A la fin de 1869, Klaczko porta de nouveau ses regards sur l’Autriche en proie à l’état « de douce anarchie. » Les ministres n’approuvaient pas le récent discours du trône au Reichsrath. Le ministre de l’Intérieur n’acceptait pas le programme du président du Conseil. Trois ministres démissionnaient. De nombreux travailleurs, mêlés de Suisses et de Prussiens, venaient manifester aux abords du Reichsrath. La crise provenait de la manière dont avait été établi le régime parlementaire en 1867. Klaczko remontait au désastre de Sadowa qui avait donné