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j’ai appris tout ce qui s’est passé, et je ne pensais qu’à la politique, je ne parlais que de politique ; mais je ne fus jamais plus calme, plus tranquille ou moins nerveuse. Les grands événemens ne troublent pas mon équilibre ; seuls les petits ennuis m’impatientent et irritent mes nerfs. Mais je sens que je vieillis, que je deviens sérieuse, et l’avenir est très sombre. Dieu cependant viendra à notre secours et nous protégera, et nous devons conserver notre courage. L’Allemagne me rend bien triste ; d’un autre côté, la Belgique fait ma fierté et ma joie.

Nous avons vu hier vos pauvres beaux-parens, avec les Nemours, Joinville et Aumale. Encore un rêve de les voir ainsi, ici ! Ils sont en bonne santé et les jeunes gens se conduisent d’une façon digne de louanges ; vraiment les trois princesses sont étonnantes et donnent une grande leçon pour tout le monde. Aussi admire et respecte-t-on beaucoup. Ma bien aimée Vie, avec sa jolie figure, est la perfection et toujours de si bonne humeur ! Elle vient souvent me voir, et c’est un grand plaisir pour moi ; si seulement il n’avait pour cause première un pareil malheur !

Adieu. Je prie avec ferveur pour la durée de votre si florissante situation, toujours votre nièce dévouée.