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portionnée, qu’il ne faut pas confondre avec la représentation proportionnelle, à laquelle on a eu tort, suivant nous, de vouloir la lier. C’est le moyen de compliquer une question simple par une autre plus complexe, et de tout faire échouer. La représentation parlementaire n’est pas aujourd’hui exactement proportionnée au nombre des électeurs, et certains départemens, surtout dans le Midi, ont plus de députés qu’ils ne devraient en avoir. Il serait, si on le voulait bien, aussi facile que légitime d’en diminuer le nombre ; mais nous nous demandons si on le veut vraiment, ou si le petit mouvement que la Chambre se donne depuis quelques jours n’a pas pour objet de détourner le pays de la préoccupation des 15 000 francs pour l’engager sur une autre piste, faire naître en lui d’autres espérances et l’amener finalement à plus de patience. Nous serions très surpris si la nouvelle réforme aboutissait. On a nommé une députation qui a été chargée d’en causer avec M. le président du Conseil : l’affaire en est là.

La Chambre des députés comprend près de 600 membres, ce qui est très excessif : les assemblées aussi nombreuses sont presque inévitablement des cohues. Ce nombre devrait être diminué de 500 ; mais, même si on ne le diminuait que de 100, il faudrait encore se féliciter que l’augmentation de l’indemnité parlementaire eût amené un aussi heureux résultat. Le bon ordre des discussions, leur dignité, leur efficacité y gagneraient beaucoup. La question aurait mérité d’être examinée pour elle-même ; mais les voies parlementaires sont mystérieuses, et il a fallu les circonstances que nous venons d’indiquer pour qu’on s’en occupât sérieusement, ou du moins pour qu’on eût l’air de le faire. Ne nous berçons pas d’illusions : il y a vingt à parier contre un que les choses resteront en l’état. Mais cette nouvelle velléité de la Chambre montre une fois de plus combien la majorité est embarrassée, préoccupée et anxieuse en présence de l’impopularité qu’elle a soulevée contre elle. Elle voudrait garder les 15 000 francs et échapper aux conséquences électorales de son vote : c’est un problème difficile à résoudre, et qu’elle ne résoudra pas.


Il est plus facile de spolier de leur propriété, ou de priver de leurs droits les héritiers des biens ecclésiastiques. On connaît la question, nous l’avons déjà exposée ; mais depuis lors, un vote qui semble décisif a eu lieu, en dépit des discours très éloquens et très juridiques qui ont été prononcés par des députés de tous les partis. Nous ne