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l’on ne pensait. Mais des causes de difficultés subsistent, dont il convient de préciser l’origine et d’apprécier la gravité. Elles sont à la fois matérielles et morales. Elles plongent dans le passé et pèseront sur l’avenir. Les polémiques, un moment apaisées, peuvent demain se déchaîner de nouveau. D’où viennent-elles ? et où vont-elles ? C’est ce que je me propose d’examiner ici.

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Si l’on considère les vingt années qui ont vu s’épanouir à la fois l’industrie américaine et la puissance japonaise, une amitié naturelle et sincère paraît être la loi constante des relations des deux peuples.

Le Japon admire les Américains comme les dépositaires les plus complets et les plus audacieux de ce qui, dans la civilisation blanche, sollicite son effort. Les États-Unis, c’est pour eux le grossissement de l’Europe. Aux États-Unis, ils trouveront les leçons qu’ils cherchent. Aux États-Unis ils demanderont les contremaîtres de leurs usines et les répétiteurs de leur enseignement. Cette période d’adaptation est la lune de miel des rapports nippo-américains. A la faveur d’une amitié partagée, le commerce se développe au profit commun des deux voisins. Si l’on étudie les ventes des États-Unis au Japon, on constate qu’elles ont, en moins de dix ans, sextuplé. Elles ont suivi en effet la marche que voici :

1896..............16 373 000 yen[1]
1897..............27 030 000 —
1898..............40 001 000 —
1899..............38 216 000 —
1900..............62 761 000 —
1901..............42 769 000 —
1902..............48 653 000 —
1903..............42 274 000 —
1904..............58 116 000 —
1905..............104 287 000 —

Le Japon, de son côté, a vendu de plus en plus aux Etats-Unis, c’est à savoir :

1896..............31 532 000 yen
1897..............52 436 000 —
  1. Le yen vaut 2 fr. 55.