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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 43.djvu/35

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et des événemens de Casablanca ne saurait donc leur incomber ; elle retombe sur le Makhzen et, en partie aussi, sur le corps diplomatique à Tanger qui, au mépris de toute prudence, s’attarda à des questions secondaires, notamment en ce qui concerne les, adjudications pour le costume et les objets d’équipement.

Après et au cours des événemens de Casablanca, l’établissement de la police marocaine avec des instructeurs français dans les ports rencontrait des obstacles d’un autre ordre. On connaît la curieuse circulaire franco-espagnole aux puissances, en date du 27 août 1907, où l’on signifiait que le ministre de la Guerre chérifien. Si Mohammed-el-Guebbas, sur la remise d’une note par la France et l’Espagne, lui demandant si l’on pouvait être certain que, sous sa caution, les instructeurs français et espagnols « ne courraient pas les risques d’être abandonnés et massacrés par leurs soldats, » répondit qu’ « il ne lui était pas possible de donner une assurance aussi formelle. » Évidemment, cette déclaration d’El-Guebbas coupait court, pour le moment, à l’établissement dans les ports marocains du genre de police qu’avait eu en vue la Conférence d’Algésiras. Elle laisse toujours planer quelques menaces sur l’avenir. C’est alors que la France, le 2 septembre 1907, sonda les puissances pour se rendre compte si elles accepteraient que le gouvernement de la République constituât, « de concert avec le gouvernement espagnol et avec leurs propres ressources, dans ceux de ces ports où cette mesure sera reconnue nécessaire, une police provisoire, qui permettra de maintenir l’ordre et facilitera la formation des troupes de police marocaines prévues par l’Acte d’Algésiras. » Toutes les puissances donnèrent leur adhésion, y compris le gouvernement allemand le 8 septembre, mais celui-ci avec des réserves et d’une façon un peu revêche. « Il en déduit (de la communication à lui faite) que les mesures prévues seront d’un caractère provisoire et ne porteront pas préjudice aux dispositions de l’Acte d’Algésiras… Il espère et souhaite qu’il ne se reproduira pas pour les négocians étrangers de graves dommages pareils à ceux qui ont été subis à Casablanca ;… un corps de police étranger (à Tanger) pourrait, dans les circonstances présentes, entraîner une attaque des tribus montagnardes contre la ville et de sérieux dangers pour la vie et les biens des Européens, surtout si cette mesure n’était pas prise sous la protection de forces militaires pleinement suffisantes. Le même danger existerait aussi dans