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du Soleil, un but plus précis. Ils voudraient résumer dans quelques formules brèves ce qui se passe dans ce monde lointain ; dire ce que constaterait un observateur idéal transporté sur l’astre radieux et disposant des appareils multiples que combinent la physique et la chimie modernes. Un tel programme n’est pas, en principe, déraisonnable. Des expériences précises donnent lieu de penser que le problème est défini ; le Soleil se suffit en quelque sorte à lui-même, sans que le milieu ambiant, ni les autres corps célestes exercent sur lui une influence bien notable. On est également fondé à croire que cette masse énorme obéit tout entière aux lois de la gravitation. Enfin, la plupart des formes d’énergie qu’elle nous envoie et que nous savons recueillir sont imitées dans le laboratoire avec une fidélité remarquable en partant de sources terrestres.

En dépit de ces circonstances encourageantes, on doit convenir qu’aucune des tentatives faites pour formuler une théorie générale du Soleil ne semble avoir donné de résultats durables. Les plus récentes de ces théories sont les moins précises. Plus on va, plus on voit les observateurs notoirement habiles se distinguer aussi par la prudence de leurs conclusions. Ce n’est pas, il s’en faut bien, que la curiosité publique soit assouvie ou que l’esprit d’investigation ait perdu son ressort ; mais, que l’on juge à propos de s’en affliger ou de s’en réjouir, il est certain que le problème est bien plus complexe qu’on ne pouvait le supposer autrefois. Ce que l’on savait du Soleil observé à l’œil nu pouvait se résumer en quelques pages ou, à la rigueur, en quelques lignes. Nous sommes loin aujourd’hui de cette heureuse simplicité. A quatre reprises différentes l’invention de la lunette astronomique, celle du spectroscope, celle de la plaque sensible, enfin la combinaison de ces trois appareils rendant possible la photographie monochromatique, ont produit un vrai débordement de faits nouveaux qui ont refusé d’entrer dans les cadres anciens. Et peut-être un avenir prochain nous réserve-t-il de nouvelles surprises.

Mais si les données surabondent et si la matière est trop riche, ne peut-on pas la diviser ? Cela s’est fait, non sans succès, pour le globe terrestre. Les géologues étudient la structure interne sans se préoccuper des mouvemens de la mer, et le météorologiste qui veut suivre et prévoir les troubles de l’atmosphère se passe de la théorie des marées. On ne doit pas espérer