Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 43.djvu/432

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dresser une liste des raies qui se modifient suivant une loi déterminée dans le périmètre des taches.

Pendant longtemps on a mis en doute la réalité de tels changemens. Le phénomène est malaisé à constater parce que l’on n’en saisit jamais que l’effet très atténué. Les taches les plus noires ne semblent telles que par contraste. Il subsiste toujours devant elles un double voile, chromosphérique et photosphérique. Analysé avec soin, le spectre des taches montre à la fois : 1° le fond continu de la lumière photosphérique ; 2° une bande d’absorption allant de l’infra-rouge à lui tra-violet : 3° quelques lignes de Fraunhofer élargies ou amincies ; 4° l’ensemble des lignes de Fraunhofer ; 5° quelques lignes brillantes.

D’abord, le troisième et le cinquième article ont paru seuls devoir retenir l’attention. Le second est devenu significatif à son tour depuis que MM. Young et Dunér ont réussi à décomposer la bande sombre en une multitude de lignes serrées dont quelques-unes seulement se prolongent en s’amincissant sur la photosphère. Ainsi l’assombrissement des taches ne révèle pas une émission moins active, mais une absorption augmentée, portant sur un grand nombre de substances à la fois.

Ce phénomène est trop délicat pour être proposé comme l’objet d’un enregistrement continu. Mieux vaut tirer au clair d’abord le cas des lignes bien isolées qui se renforcent d’une manière certaine quand on passe de la photosphère aux taches. Parmi ces lignes figurent au premier rang celles de deux métaux rares, le titanium et le vanadium.

Poursuivant l’enquête dans ce sens, sir Norman Lockyer a annoncé en 1886 que les lignes les plus élargies dans le spectre des taches ne restent pas les mêmes au cours du cycle de Schwabe. Vers l’époque du minimum, ce sont surtout des lignes de métaux connus. Quand le nombre des taches s’approche d’un maximum, le renforcement affecte surtout des lignes non identifiées. De plus, toutes les lignes d’un même élément ne s’élargissent pas à la fois. Sir Norman Lockyer en a conclu que ces corps, jugés simples à la suite des expériences de laboratoire, sont dissociés dans le Soleil, sous l’influence d’une température plus haute, vers l’époque du maximum.

Peu de chimistes se sont montrés enclins à souscrire à cette conséquence. On voudrait des faits plus palpables, d’ordre plus varié, avant d’admettre la possibilité d’une dissociation du fer