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REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Française. — L’Autre, pièce en trois actes par MM. Paul et Victor Margueritte. — Porte Saint-Martin. — L’affaire des Poisons, drame en cinq actes, par M. Victorien Sardou. — Théâtre-Antoine. — Sherlock Holmes, drame en cinq actes et six tableaux, par M. Pierre Decourcelle, d’après Conan Doyle. — Théâtre Sarah-Bernhardt. — La Belle au Bois dormant, féerie lyrique en deux parties et douze tableaux, par MM. Jean Richepin et Henri Gain. — Odéon. — L’Apprentie, drame historique en quatre actes et dix tableaux, par M. Gustave Geffroy.


Les lecteurs de la Revue n’ont pas oublié le beau roman que M. Paul Margueritte y a publié naguère, la Tourmente, un de ceux qui ont valu à l’écrivain le plus d’estime auprès des lettrés. Il y étudiait un problème délicat et poignant, celui de savoir si le bonheur peut renaître entre deux époux après la chute de l’un d’eux, et s’ils peuvent exorciser le souvenir de la faute. Donc, il nous disait l’effort loyal d’un mari qui essaie de pardonner à la femme infidèle et repentante. Il nous faisait assister aux alternatives de colère et d’apaisement, aux triomphes passagers de l’amour sur la jalousie, aux féroces retours de haine et à la finale banqueroute de la bonne volonté. Il concluait que le pardon est au-dessus des forces humaines ; et apparemment il avait raison ; pour que nous devenions capables de pardon, il faut qu’un sentiment où il entre quelque chose de divin nous élève au-dessus des conditions de la misérable humanité... On avait goûté ce roman pour tout ce qu’il contient de pénétration morale, et pour une tristesse qui est la saveur même de la vérité. Mais puisque c’est un drame de conscience qui en fait le sujet, ne pouvait-on croire qu’il conviendrait assez bien au théâtre ? MM. Paul et Victor Margueritte le crurent, et ils écrivirent l’Autre.