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des Français. De l’Est à l’Ouest, se trace la grande voie partant de la porte fortifiée de l’enceinte extérieure pour joindre celle de la seconde où j’ai campé, avec ses deux cours, ses murs remplis et ses chicanes. A la mosquée, la voie se divise en deux, l’une continuant tout droit, l’autre obliquant vers le Sud-Ouest en longeant la deuxième enceinte, remarquable par ses gros bastions ronds et crénelés dont un terre-plein maçonné tient le centre, remarquable encore par sa continuité et qui gagnait en force par ces monticules du Nord couronnés d’ouvrages. Vers le Nord, enfin, voilà tous ces bâtimens si admirés des touristes et sur quoi les guides ne tarissent pas quand il s’agit d’en réciter l’éloge. C’est la Tour du Mariage, le Kaliana Mahal, une haute tour carrée, mauresque, sans caractère, avec ses sept étages ajourés, à galeries, son clocheton en retrait. Ce sont les palais avec leurs cloîtres qui servaient très probablement d’écuries et dont les guides déguisent le vide sous le nom pompeux d’ « appartemens occupés par les dames de la cour. » Les grands magasins à toit en dos de bahut, hindouistes, voisinent avec ces productions médiocres de l’architecture musulmane et bordent la route droite qui s’avance en chaussée le long des deux étangs. Ces nappes d’eau luisent au soleil, telles des lames de métal, des miroirs où se reflètent les mandapams dévastés, les kiosques en ruines, les portiques isolés, les amas de pierres grises, jaunes, rougeâtres, les monticules de sable. Au Sud du Tchokra Koulam, au pied même de son vaste escalier, commence le pied du Chandraja Dourgan où une broussaille épaisse et quelques grands arbres forment un bocage touffu, retraite aimée des singes qui se plaisent également dans les décombres de la pagode voisine.

L’art hindou, qu’il soit brahmaniste ou djaïna, à tout prendre, prévaut dans la première enceinte. L’art musulman domine dans la seconde. La troisième, qui enserre le Radjah Ghiri, contient surtout des monumens hindous, mais tous les styles s’y mêlent. Puis, derrière, se continuent les ondulations des collines qui se succèdent en vagues pressées vers le Nord où se devinent les ruines de Mélatchéry, ou du vieux Genji des montagnes. Enfin, au Nord-Ouest, tout à l’horizon, se profile la puissante taupinière de Tirnamallé. La masse semi-circulaire du Krichna Ghiri cache en partie les villages de Settipaléom et de Krichnapouram, dont la pagode disparue ne marque plus sa place que par un