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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 43.djvu/854

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voisins, elle émigré. Le nombre des Turcs est encore de près de 500 000, et l’on compte environ 70 000 Roumains, 40 000 Grecs, 80 000 Tziganes, 30 000 juifs.


IV

Que la Bulgarie ne soit pas actuellement un pays industriel, il n’y a pas lieu de s’en étonner : le temps lui a manqué pour une pareille transformation. Mais possède-t-elle les moyens de créer chez elle la grande industrie, et a-t-elle intérêt à le faire, c’est ce qu’il est intéressant de se demander. Le pays n’est pas très riche en minéraux, mais il a quelques bassins houillers assez importans : les mines de lignite de Pernik, au Sud-Ouest de Sofia, ont été les premières exploitées et donnent encore de bons rendemens ; celles de Bobov-Dol n’ont pas encore de chemin de fer. Enfin, dans le Balkan central, sur le parcours de la future ligne de Tirnovo à Borouchtitza, des mines de charbon considérables ont été récemment étudiées par un ingénieur français des mines, M. de Launay, et il nous suffira, pour cette question, de renvoyer à son livre. En « houille blanche, » les montagnes bulgares, Balkan, Rhodope, ou Rilo, abondent : les torrens qui dévalent des hauteurs, et qui sont aujourd’hui un fléau, peuvent devenir une source considérable de richesse. Malgré tout, il ne semble pas que la Bulgarie doive mettre dans l’industrie ses espérances de richesse et d’avenir ; elle est et elle restera avant tout un pays agricole ; mais elle a évidemment intérêt à créer, comme elle a déjà commencé à le faire, les principales usines nécessaires à sa consommation. En 1900, la Principauté ne comptait que vingt industries différentes ; elle en avait déjà quarante-deux en 1905, et, depuis lors, le mouvement n’a fait que s’accroître : les industries textiles et surtout celles de la laine tiennent le premier rang.

Au temps des Turcs, les petites villes bulgares étaient habitées par un grand nombre de petits artisans, organisés en « métiers » ou corporations : c’était le petit atelier familial, tel qu’il existe chez tous les peuples qui n’ont pas suivi l’évolution industrielle déterminée par l’invention des machines. Deux exemples : il existait à Sofia, en 1876, soixante savetiers ; ils n’étaient plus que quatre en 1896, bien que la population eût quadruplé. A Stara-Zagora, on comptait avant la guerre 2 500 ateliers de filature de laine à