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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/212

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Le professeur termine en disant :


Ces symptômes malsains, comme d’autres défauts naturels à l’enfance du nouveau Japon, semblent avoir disparu sans laisser de traces.


Il est incontestable que l’étudiant japonais est plus consciencieux, plus persévérant que ses camarades européens. Il sent mieux l’utilité des études. Il est vaniteux, suffisant, et il fait son possible pour réussir dans ce qu’il a entrepris. En ceci, il ressemble assez à l’étudiant américain. Il considère son collège comme une sorte de magasin où il doit se procurer, pour son intelligence, un bagage aussi complet que possible. Il n’épargne ni argent, ni efforts. Ce sont pour lui dépenses nécessaires. Le jeune Japon se matérialise très rapidement. Je connais de vieux professeurs qui habitaient le pays autrefois et qui sont surpris de ce changement. Dans leur temps, l’école continuait l’enseignement familial ; les instituteurs étaient les amis, les frères de leurs élèves, des hommes à qui le respect et la reconnaissance étaient dus. L’école comme la société était établie sur les principes de piété filiale : il n’en est plus tout à fait de même aujourd’hui.


V

Dans l’éducation supérieure, la situation est différente. Les demandes plus élevées et plus nombreuses sont plus difficiles à satisfaire. Des établissemens pourvus des dernières inventions seraient trop coûteux à construire et à entretenir : on utilise donc des bâtimens provisoires en bois, et personne ne songe à les réparer. L’état de désordre et de délabrement où se trouvent ces écoles supérieures est très frappant, car la chaumière la plus pauvre est toujours parfaitement propre, et les habitans semblent en quelque sorte refléter cet état. Dans les écoles primaires, les enfans sont bien soignés, tant qu’ils sont vêtus du kimono, vêtement large et simple tombant droit jusqu’aux pieds nus ; ils sont propres et bien vêtus, car la mère en a soin ; elle lave et raccommode le kimono. Mais une fois qu’ils vont à l’école supérieure, ils adoptent un soi-disant costume européen en drap noir et des bottines en cuir et semblent perdre, en quittant l’habillement primitif, leur propreté et leur coquetterie. L’habit trop serré, le pantalon raide se salissent et se déchirent, les bottines