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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/425

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amener un pareil changement ? Quel est donc l’agent d’une transformation si radicale et si rapide ?

Pour répondre à cette question qui, dès 1903, se posait dans les milieux coloniaux[1], il convient de s’arrêter quelques instans à l’examen de l’œuvre accomplie par les méharistes des compagnies sahariennes. C’est ce qu’ont fait, en 1906, MM. Augustin Bernard et le commandant N. Lacroix, dans leur ouvrage La pénétration saharienne, véritable synthèse de nos connaissances sur l’expansion algérienne vers le Sud. Plus récemment, dans un rapport qu’il a bien voulu nous communiquer, le capitaine Arnaud abordait le même sujet, en étudiant l’utilisation des formations méharistes au point de vue militaire.

Puisque la question est à l’ordre du jour, on nous pardonnera de l’envisager à notre tour, encore que nos titres pour le faire résultent moins d’une expérience personnelle que des informations qu’il nous a été donné de recueillir de la bouche d’explorateurs, de fonctionnaires, ou de soldats ayant qualité pour émettre une opinion.

Notre but sera atteint si nous parvenons à présenter aux lecteurs de la Revue cet instrument de conquête et de pacification qu’on nomme les compagnies sahariennes, à leur faire apprécier les services qu’il a déjà rendus aux mains de ses inventeurs, et les perspectives qui s’ouvrent sur l’avenir depuis que l’Afrique occidentale française, prenant modèle sur l’Algérie, en a généralisé l’emploi.

Mais auparavant, pour mieux dégager notre sujet, nous jetterons un coup d’œil rapide sur quelques-unes des voies qui relient l’Afrique mineure au Soudan et sur les grandes étapes de notre marche vers le Touat et Tombouctou.


« Deux routes conduisent du Nord du continent africain au Soudan, écrivait le commandant Colonieu dans la relation de son voyage de 1860[2] : l’une, orientale, passe par les oasis de Ghadamès et Rhat, et dessert surtout Tunis et Tripoli ; l’autre, occidentale, passe par l’archipel des oasis du Gourara, Touat et Tidikelt et dessert l’Algérie et le Maroc. »

La première avait été déjà parcourue à cette époque. Barth, le capitaine de Bonnemain, Duveyrier, d’autres encore l’avaient

  1. Bulletin du Comité de l’Afrique française, août 1903, p. 245.
  2. Bulletin de la Société de géographie, VIIe série, tome XII, p. 14.