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décourage de les interroger, et de leur valoir un ordre du jour de confiance de plus.


La situation, depuis quinze jours, ne s’est pas sensiblement modifiée dans les Balkans. Elle semble toutefois s’être un peu détendue, car le gouvernement autrichien a confirmé les déclarations qu’il avait faites dès le premier moment, à savoir qu’il ne s’opposerait pas à la création d’un chemin de fer transversal du Danube à l’Adriatique ; mais il faut attendre que les faits eux-mêmes confirment les déclarations. En attendant, le gouvernement russe a pris position, la seule qu’il pouvait prendre : il s’est chargé de plaider lui-même auprès des puissances la cause des chemins de fer balkaniques.

La Serbie avait pris les devans, mais si elle pouvait amorcer la question, son autorité, malgré les sympathies qu’elle excite, n’était pas assez grande pour en amener la solution. Il en est autrement de la Russie, qui ne s’est jamais désintéressée des affaires balkaniques et s’en désintéresse aujourd’hui moins que jamais. La note russe s’appuie sur l’affirmation du gouvernement autrichien qu’en poursuivant la création du chemin de fer de Mitrovitza, il n’a eu qu’un but économique, et qu’il n’a eu d’autre intention, en facilitant les communications dans les Balkans, que d’aider au développement normal des divers États et des populations de la péninsule. Sur un pareil terrain, tout le monde peut s’entendre. La Russie affirme à son tour qu’elle n’a jamais eu d’autre préoccupation que celle dont le gouvernement autrichien s’est inspiré : elle veut, elle aussi, en ouvrant aux diverses parties de la péninsule des débouchés maritimes, leur rendre le progrès plus facile et la paix plus sûre. Quant à lui, il n’a dans cette affaire aucun intérêt personnel et ne poursuit aucun avantage particulier. Il s’est toujours abstenu et s’abstiendra toujours de rechercher pour son propre compte des constructions de chemins de fer dans la péninsule, se contentant de favoriser la création de ceux qui doivent servir l’intérêt de tous. Il exprime, en terminant, l’espérance que toutes les puissances partageront sa manière de voir et agiront dans le même sens que lui à Constantinople.

Nous ne doutons pas, en effet, qu’il n’en soit ainsi. On vient de voir que l’adhésion du gouvernement autrichien est assurée d’avance, et on peut compter aussi sur celle du gouvernement allemand : reste à savoir quel degré de chaleur les deux cabinets de Vienne et de Berlin mettront à défendre auprès de la Porte la cause des chemins de fer balkaniques. La bonne volonté de l’Italie et de la France est assurée.