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divertissemens de la légation d’Angleterre. Quand il fallut en liquider les frais, le Shah s’inscrivit pour 3 000 tomans sur la liste de souscription.

Au total, le refuge avait coûté 29 000 tomans, dont avait fait l’avance un des principaux négocians de la ville, Hadji Hossein Agha, Emin-ez-zarb, qui possède des comptoirs à Moscou et à Marseille.


IV

Le 8 octobre, le premier Parlement persan fut inauguré dans l’orangerie du Palais ; malgré la gravité de son état, le Shah tint à lire lui-même le discours du trône. Sur deux cents députés à nommer par tout le pays, il ne se présentait que les élus de la capitale ; le Parlement n’était encore qu’un conseil municipal de Téhéran. Les provinces attendaient curieusement : l’élément libéral, moins nombreux, moins certain de l’appui britannique, y redoutait un retour offensif de la domesticité royale, soutenu par l’influence russe.

D’autre part, Mouzafler-eddîn était en train de mourir, et la renommée attribuait au Véliahd des sentimens conservateurs et russophiles. En septembre, Tauris s’était soulevé, réclamant, dans l’Azerbaïdjan, la mise en vigueur de la constitution : il y avait eu réunions dans les mosquées, fermeture des bazars, refuge au consulat d’Angleterre. Le prince héritier s’était montré conciliant ; le peuple avait obtenu gain de cause. Néanmoins, les élections de Tauris tardèrent longtemps ; et de jour en jour, les députés remirent leur départ. La longue agonie de Mouzaffer-eddîn détermina l’appel de Mohammed-’Alî-Mîrzâ, chargé de la régence du royaume. En cette qualité, avant même de monter sur le trône, il consentit de bonne grâce à signer le Nizâm- Nâmeh, qui complétait les lois constitutionnelles, en fixant le règlement et les prérogatives de l’Assemblée. Aussi, dès la mort de son père, le 8 janvier 1907, le peuple de l’Iran pouvait-il saluer en Mohammed ’Alî Schâh, un monarque libéral, acquis à la pratique du système constitutionnel. Aussitôt enhardis, les députés de Tauris venaient occuper leurs sièges et le Parlement s’enrichit de quelques représentans des autres provinces. Ramadan avait été la première à se mettre en règle ; son gouverneur, Zahir-ed-dowleh, mourchid des Né’metoullâhîs, et libéral