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archevêque-évêque de Montefiascone et de Corneto, nommé archevêque de Paris, administrateur capitulaire de cette métropole pendant la vacance du siège… etc. Pendant les trois années que dura son administration, le cardinal se montra sévère à l’égard de son clergé et recourut souvent au bras séculier pour ramener les prêtres dans le droit chemin. Les nominations de curés et de chanoines qu’il fit furent en général excellentes.

L’archevêque ne présida pas la cérémonie du baptême du roi de Rome : cet honneur fut réservé au grand aumônier qui officia ce jour-là à Notre-Dame. De même ce fut le cardinal Fesch qui ouvrit le Concile national de 1811.

Maury y prit la parole plusieurs fois, mais ses harangues n’eurent pas le succès qu’il en attendait. Le Concile ne siégea même pas un mois : il fut dissous par un décret impérial daté du 10 juillet ; le 12, les évêques de Tournai, de Gand et de Troyes, soupçonnés d’organiser la résistance, se virent arrêtés à trois heures du matin et emmenés à Vincennes. Les prélats, officieusement prévenus de ne pas s’éloigner, furent individuellement mandés chez le ministre des Cultes où leur signature fut requise au bas d’une formule. La réouverture des séances du Concile fut alors autorisée, et, le 5 août, quatre-vingts suffrages contre treize adoptèrent « un décret qui, en cas de refus ou d’abstention du Pape, donnait après six mois au métropolitain ou au doyen des évêques de la province le droit de conférer l’institution canonique aux évêques nommés. » On envoya une députation à Savone. Pie VII, affaibli par sa captivité, privé de renseignemens et désireux d’apaiser le conflit, signa le 20 décembre un bref ratifiant les résolutions du Concile. Il ne tarda pas à s’en repentir, et revint sur sa décision en rétractant le Concordat de Fontainebleau[1]. Mais Napoléon, qui se trouvait alors en Hollande, s’était empressé d’ordonner au ministre des Cultes de renvoyer les évêques dans leurs diocèses, même ceux qui n’avaient pas reçu leurs bulles.


Ce n’était plus là l’exécution du Concordat. L’Empereur, dans l’enivrement du pouvoir absolu, ne supportait plus aucun frein. Taine a montré l’emploi tout politique que Napoléon prétendait

  1. Voyez sur toutes ces questions le bel ouvrage du comte d’Haussonville, l’Église Romaine et le Premier Empire (5 vol. in-18 ; Lévy) dont les divers chapitres ont été publiés dans la Revue du 1er avril 1865 au 15 août 1869.