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est aujourd’hui remontée à 15 pour 100, mais elle se trouve encore assez basse et de nature à donner une parfaite sécurité aux créanciers de l’Empire.

La question touche particulièrement la France dont les citoyens occupent le premier rang parmi les détenteurs de fonds russes à l’étranger. Sur les 26 milliards de francs que ces fonds représentent au pair, nos compatriotes en possèdent tout près de 9 milliards. 10 milliards de francs environ appartiennent à des sujets du Tsar et le reste est divisé entre l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas et les autres peuples. Il est en effet relativement facile de déterminer les possesseurs actuels, tant par l’étude des conditions d’émission et de répartition de chaque emprunt, depuis l’origine, que par le montant, en ce qui nous concerne, des intérêts payés annuellement en France par le Trésor russe, qui s’élèvent à 335 millions de francs. Ce dernier chiffre comprend les coupons remis par les Français en paiement de droits à la douane russe, pour 12 millions.

Je noterai à ce propos que les droits perçus à l’importation des marchandises étrangères montent à 250 millions de roubles, somme sensiblement égale à celle que la Russie doit prélever sur ses recettes pour le service de ses emprunts. Or, par le seul fait que ces droits peuvent être acquittés en coupons de titres russes, l’Etat, tout en refusant avec raison d’affecter au paiement de sa dette une branche déterminée de ses ressources, se trouve néanmoins l’avoir implicitement gagée et au-delà sur ses douanes.


III

Le gouvernement russe possédait, en 1886, 3 700 kilomètres de chemins de fer, 8 000 kilomètres en 1889, 35 600 kilomètres en 1900 ; il en possède 44 000 aujourd’hui. L’accroissement du réseau de l’Etat ne provient pas pour la plus grande part de constructions nouvelles, mais de rachat des lignes en exploitation dont le Trésor était créancier dès 1889 pour environ un milliard de roubles. Les 44 000 kilomètres de railways, dont la nation est propriétaire, ont exigé en tout une dépense de 4 milliards de roubles, dont un quart a été payé peu à peu au moyen du budget ordinaire, tandis que les trois autres quarts ont été obtenus par l’emprunt.