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du revenu de ses chemins de fer ; ils sont le facteur principal du développement de la richesse publique et la meilleure politique consiste à en faciliter l’usage. Même il serait très malheureux que le gouvernement, pour préserver le rendement de ceux qui lui appartiennent, écartât la concurrence des voies fluviales, dont les avantages sont inestimables pour les marchandises lourdes et qu’il ajournât indéfiniment le creusement de certains canaux nécessaires, tels que celui du Don au Volga, à la hauteur de Tsaritsine.

La somme de 64 millions de roubles qui grève annuellement le budget, pour l’amortissement des voies ferrées, pourrait-elle être réduite par une exploitation plus économique ? Un Américain trouverait que le personnel est généralement trop nombreux, que les manœuvres sont bien lentes et compliquées ; un Allemand estimerait fâcheux que les agens ne soient pas incorruptibles, ce qui permet aux familles nombreuses, sur les lignes secondaires, d’oublier de prendre autant de billets qu’il leur en faudrait. A quoi la direction du réseau de l’Etat ne manquera pas de répondre que plusieurs compagnies privées sont notoirement plus mal gérées que les lignes impériales. D’ailleurs il faut reconnaître que le sentiment public, en Russie, est hostile aux concessions de chemins de fer à des sociétés étrangères. Il y voit une sorte d’atteinte à sa dignité nationale ; bien à tort, puisque Paris lui-même a confié le Métropolitain à des Belges. Mais le cabinet de Saint-Pétersbourg a raison de ne pas traiter avec des constructeurs qui ne se chargeraient pas aussi d’exploiter.

Quoi qu’il en soit, le rendement des railways ne peut faire autrement que de progresser à mesure que la population augmente, se déplace, produit et consomme davantage. Il était presque suffisant en 1899 pour faire face au service de la dette, — 96 millions contre 109, — et si, depuis cette date, il a cessé de l’être, cela tient au relèvement des salaires, à l’abaissement des tarifs et à la construction de lignes temporairement onéreuses, bien que nécessaires à la prospérité future du pays.


IV

Si les chemins de fer rapportent dès à présent la moitié des trois milliards de roubles empruntés pour eux, le domaine rural remboursait intégralement jusqu’en 1906 les deux milliards