Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/812

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MÉMOIRES
DE LA
COMTESSE DE BOIGNE

II.[1]
LA CAPTIVITÉ DE LA DUCHESSE DE BERRY

Nul, et je n’en excepte ni M. Thiers, ni même M. Maurice Duval, ne ressentit une plus vive satisfaction de l’arrestation de Mme la duchesse de Berry que M. de Chateaubriand. Son rêve sur le séjour de Lugano s’était dissipé en y regardant de plus près.

Cette presse libre, dont il espérait tirer de si splendides succès pour sa cause et surtout pour sa famosité personnelle, se trouvait soumise aux caprices d’un conseil de petits bourgeois, relevant lui-même d’une multitude intimant ses volontés à coups de pierres. On se procurerait une fort bonne chance d’être lapidé, dans une émeute suisse, en s’établissant à Lugano pour y faire de la politique légitimiste.

Privé d’ailleurs du tribut de louanges quotidiennes, libéralement fournies par le petit cercle où il passe exclusivement sa vie à Paris, M. de Chateaubriand périssait d’ennui et ne savait comment revenir, après les adieux si pompeux adressés

  1. Voyez la Revue du 15 mars.