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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/822

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de la citadelle. Leurs propos confidentiels exprimèrent la pensée d’une grossesse assez avancée. Toutefois la princesse avait éludé les observations qui l’auraient tout à fait constatée.

C’est le premier soupçon que le gouvernement en ait eu ; car on a vu que ceux conçus par M. Thiers, avant l’arrestation de Mme la duchesse de Berry, s’étaient entièrement dissipés. Et, au fond, cette grossesse était si peu avancée au mois d’octobre que les confidens les plus intimes en pouvaient seuls être instruits.

Le docteur G…, de Bordeaux, avait été appelé auprès de la princesse par le colonel Chousserie. On lui savait les opinions carlistes les plus exaltées. Il était, selon toutes les probabilités, dans leur confidence et aurait prêté assistance au moment opportun.

Le triste secret, renfermé jusque-là dans les murs de Blaye, ne tarda pas longtemps à être divulgué. Je ne sais d’où vinrent les indiscrétions ; mais les petits journaux commencèrent une série de plaisanteries dont les partisans de la princesse se tinrent pour justement offensés.

Il s’ensuivit un nombre considérable de duels. Une légion de « chevaliers français » se forma pour défendre la vertu de Marie-Caroline envers et contre tous. Un de mes cousins, le comte Charles d’Osmond, se battit avec le rédacteur du Corsaire. Cette manie gagna les provinces ; on olindait partout. Il fallut que le gouvernement et les chefs des différens partis s’interposassent pour mettre un terme à ces sanglantes prouesses.

Le rapport du docteur Orfila, d’une part, et ceux de Blaye, qui continuaient à représenter Mme la duchesse de Berry comme très souffrante de l’autre, décidèrent un nouvel envoi de médecins.

Les réclamations des carlistes furent d’autant plus violentes et insultantes sur l’infamie d’avoir mis au nombre M. Dubois, chirurgien des plus habiles, mais connu comme ayant accouché l’impératrice Marie-Louise, qu’eux-mêmes furent induits en erreur par leurs propres agens.

Le docteur G…, que la commission venue de Paris s’associa, se trouvait dans le secret de la grossesse. Mais, ayant mal interprété les réponses de la princesse, et de sa femme de chambre, Mme Hansler, qu’il ne put interroger en particulier, il crut le danger conjuré par quelque accident ; et, à son retour à Bordeaux. il affirma les bruits, répandus sur la grossesse de Mme la