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Une véritable séide de la princesse, — je puis aussi bien la nommer, Mme de Chastellux, — dans un premier accès de colère contre elle, me tint à peu près le même langage : « Figurez-vous, ma chère, me dit-elle, qu’elle a eu l’incroyable audace d’oser qualifier ce misérable enfant d’enfant de la Vendée ! en un sens elle a raison…, » ajouta-t-elle plus bas.

Les grandes fureurs assoupies, le mot d’ordre fut donné, et le parti carliste s’y soumit merveilleusement, d’accorder les tristes honneurs de cette paternité à M. de Mesnard. Les anciennes relations qu’on lui supposait avec la princesse leur rendaient, je ne sais pourquoi, cette version moins amère.

Charles X sembla l’accréditer en témoignant une grande animadversion au comte de Mesnard et en lui défendant obstinément sa présence ; ce qui, pour le dire en passant, était une gaucherie, dès qu’il feignait d’admettre l’authenticité du mariage.

En Bretagne, personne ne croyait à M. de Mesnard ; l’opinion la plus généralement admise désignait l’avocat Guibourg. Deux hommes également bien placés pour être des mieux informés m’ont nommé : l’un, M. de Charette, l’autre, un fils du maréchal Bourmont. Peut-être le temps révélera-t-il ce honteux secret ; personne jusqu’ici n’a réclamé une si triste célébrité.

Le départ de France, de Mme la duchesse de Berry fut un grand soulagement pour tout le monde. Les gens de son parti ne fixaient pas volontiers leur vue sur Blaye ; et ceux qui tenaient au gouvernement pouvaient sans cesse y redouter une catastrophe.

On le fit suivre très promptement par la levée de l’état de siège dans les provinces de l’Ouest. C’était de fait une amnistie ; mais comme elle arrivait à la suite des jugemens d’acquittement, simultanément rendus par les divers tribunaux envers tous les accusés politiques, on n’en sut aucun gré au gouvernement et cela passa pour un signe de faiblesse.

Je puis me tromper, mais je crois encore que la déportation de Mme la duchesse de Berry en Bohême au moment de son arrestation, et l’amnistie déclarée en même temps, auraient placé le trône nouveau sur un meilleur terrain.

Sans doute Mme la duchesse de Berry serait restée un chef de parti pour quelques imaginations exaltées et un certain nombre d’intrigans. Toutefois, on venait d’avoir la mesure de ce qu’il