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Dans toutes ces écoles, une certaine perfection du décor : des architectures simples et de proportions justes ; sur les murs, des images de la Nature et de la Vie, des photographies des grandes œuvres d’art classiques, et, spécialement, des plus émouvans tableaux d’histoire ; dans les vitrines, des spécimens de la « création : » oiseaux, cristaux, insectes, spirales et nacres de coquillages ; par les fenêtres, le plus d’air pur et de lumière possible ; dans les jardins, des fleurs que l’enfant cultivera et dessinera, — bref, de tous côtés les silencieuses et constantes présences de la Nature et de la Beauté qui joindront leurs pouvoirs à l’action explicite du maître pour incliner la jeune âme à l’admiration, l’amour et la joie. « Tout art, littérature et science sont vains, qui n’ajoutent pas à notre énergie et notre joie. »

Mais l’essentiel reste : la formation directe et nécessaire de l’enfant aux disciplines morales, un rigoureux dressage, aboutissant à l’obéissance, à la soumission automatique et complète de la vie au devoir, à ces éternelles lois, qui, si leur autorité prévaut, feront la splendeur visible comme la dignité de l’homme. Elles participent de l’absolu, comme celles de l’esthétique. On peut lier leur enseignement à celui d’une religion : elles en seront fortifiées, la créature étant plus noble et vigoureuse quand elle connaît l’adoration. Mais qu’il soit bien entendu qu’elles valent par elles-mêmes, indépendamment de toute croyance, qu’elles constituent un ordre éternel, prescrit à la vie humaine. Elles n’ont point leur fondement dans la religion. C’est la religion qui se fonde sur elles. Quand même on ne croirait plus aux dogmes chrétiens de la révélation, la divinité de la Bible subsiste par l’inextinguible volonté de bien qui s’y produit. Elle est la plus haute et la plus ancienne attestation de la tendance de l’homme vers son bien, de cette tendance qui le dirige dans le sens de l’univers, et qu’un Matthew Arnold ne distingue pas de Dieu. C’est par là, bien plus que par son dogme monothéiste, qu’elle reste le livre des livres. « Dirons-nous qu’il faut être honnête par peur de perdre le ciel, et même simplement et généreusement, par peur d’offenser Dieu ? Ou bien encore par calcul, à la façon des utilitaires, parce que l’honnêteté est la meilleure politique, — en s’attachant à la vertu comme à une valeur de Bourse qui ne peut pas baisser ? Ma réponse est non. Ni sur