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principales banques gravitent une série d’entreprises minières, métallurgiques, électriques et autres qu’elle a fondées, appuyées, ou développées, et à la vie desquelles elle est étroitement liée. Elle leur fournit le fonds de roulement nécessaire, assure, le cas échéant, leurs augmentations de capital, le placement de leurs obligations : si le public n’est pas disposé à acquérir ces litres, la banque intéressée augmente ses avances en compte courant. Ces diverses opérations se font sur une grande échelle, d’autant plus que les banques, si puissantes déjà par elles-mêmes, — une d’entre elles, la Deutsche Bank, a 200 millions de marks de capital et 100 millions de réserve, ensemble 37" » millions de francs, soit 25 de plus que le Crédit lyonnais, — ne sont pas restées isolées et se sont presque toutes groupées, de façon à centraliser plus fortement encore ce que les Anglais appellent la puissance bancaire, banking power.

Tantôt plusieurs banques ont fusionné ; tantôt une banque de la capitale a absorbé un certain nombre d’établissemens provinciaux ; parfois elle les a commandités, de façon à en être maîtresse, tout en laissant subsister, en façade, leur autonomie apparente ; souvent, dans les derniers temps, des établissemens, déjà très puissans par eux-mêmes, ont établi entre eux une communauté d’intérêts, en s’assurant par exemple un partage réciproque de bénéfices, en échangeant des administrateurs et en convenant de s’intéresser l’un l’autre aux affaires conclues par chacun deux.

Parallèlement, les industries se sont agglomérées ; il y a eu surtout réunion de forges, fonderies, hauts fourneaux avec des houillères. La nécessité de s’assurer les tonnages formidables de combustible qu’exigent les usines modernes et, dans beaucoup de cas, le désir d’échapper au joug du syndicat des charbons et des cokes, ont poussé un grand nombre de fabricans à fusionner leurs entreprises avec celle des producteurs de houille. Ils ont ainsi organisé des entreprises mixtes (gemischte werke) qui se suffisent à elles-mêmes, puisqu’elles possèdent le charbon, le minerai et les installations nécessaires pour fondre, laminer et souvent transformer le fer en acier.

Les administrateurs des banques sont aussi à la tête des affaires industrielles, et, si, dans certains cas, des abus ont été signalés, si on a constaté par exemple la présence d’une même personne dans une vingtaine de conseils, il n’en est pas moins