si catégorique. « Ce ne sont pas seulement les traités qui engagent les États du Midi d’une manière indissoluble, mais encore un lien plus puissant et plus élevé, le sentiment de la patrie commune. Dans tous les États du Sud, en Hesse, en Bavière, en Wurtemberg même, il existe un parti considérable qui a écrit sur son drapeau : Unité complète de l’Allemagne ; mais nulle part ce sentiment ne s’est fait jour avec plus de force qu’à Bade. Le désir de Bade est de s’unir avec la Confédération, et ce pays ne s’est jamais départi de cette volonté ; il l’exprime non seulement d’une manière idéale, mais d’une façon pratique, en supportant tous les sacrifices qui lui sont imposés. Je serai satisfait si la discussion présente contribue à éclaircir l’énigme qui existe aujourd’hui et à mettre un peu de jour dans la situation : on a une Confédération puissante et organisée, on voit un pays qui désire y entrer et on l’en empêche ; pourquoi cela ? — Bade est un beau pays, habité par des gens qu’on peut être fier de qualifier d’Allemands, et cependant on empêche l’union. Le but n’est pas de maintenir indéfiniment ce qui a été fait en 1866, surtout en ce qui concerne la ligne du Mein. Le but est d’étendre à d’autres pays les résultats de 1866 et de faire cesser la séparation qui existe entre le Nord et le Sud. Le nom de Ligne du Mein n’est pas aimé, — il a même été détesté. Il est extraordinaire que, lorsque l’occasion se présente, on ne la saisisse pas. L’entrée de Bade ne serait pas seulement l’adjonction d’une population d’un million et demi d’âmes ; elle serait l’achèvement de l’Allemagne. Il n’est pas vraisemblable que ce mouvement soit entravé par des considérations de politique étrangère ; la France et l’Autriche, qui seules pourraient s’en préoccuper, ont trop à faire chez elles. Il ne peut donc y avoir d’équivoque, et la responsabilité du refus qu’on oppose à Bade retombe sur la personne qui dirige la politique extérieure de la Confédération. Bade n’est retenue dans son désir de demander son entrée immédiate dans la Confédération que par l’épée de la diplomatie ; on ne trahit aucun secret en disant que des démarches ont été tentées dans ce sens, et, en ce qui me concerne, je n’hésiterais pas un instant à proclamer l’admission de Bade dans la Confédération. »
Certes Bismarck ne saurait être accusé d’avoir été l’inspirateur de la motion Lasker. Dans le discours par lequel il la repousse éclate d’un bout à l’autre son irritation. Il la considère