dit Arnousse, Sornant et Lapeyre ; le chirurgien-major Béraud ; Esclapon, ex-commissaire de la Marine ; Chadepaux, adjoint à l’état-major, enfin, le plus dangereux de tous, un Corse, le capitaine Giacopello Peretti, de la 31e légère…
Des « civils, » bourgeois ou artisans, figurent aussi dans cette affaire : le menuisier Grégoire, demeurant rue de la Liberté, 88 ; Aurose, un cordonnier, logeant en face de l’Abbaye ; le bijoutier Duval, rue Contrescarpe ; Bouvinet, vendeur de merceries sur le pont Notre-Dame ; le tapissier Morand, place Saint-Sulpice ; Guise, ancien garde-française, fabricant de chaussures, rue de Verneuil, et même, embauché par eux, un doux poète, le citoyen Fromentel. Une dame Métrasse, « botaniste, » rue de Bucy, fut également compromise dans cette équipée. Fort petites gens, ces patrons et ces ouvriers faisaient partie d’une société secrète, récemment constituée au quartier Latin, l’Union morale et invisible[1].
Marius Bernard, Anselme Truck et le commandant d’infanterie, François Clément, dit Coin, dit encore le Tondu, servaient de recruteurs à la bande… Homme d’audace et d’action, très apte à diriger de hardis coups de main, ce Tondu n’était pas un bien estimable compagnon. Soldat d’Arcole et de Rivoli, de Marengo et de Tavernella, son avancement avait été rapide ; à vingt-sept ans, il portait déjà la grosse épaulette ; mais on l’avait mis en réforme pour fautes commises contre l’honneur. Ses camarades l’accusaient de friponneries, et prudemment les mères de famille le consignaient à leurs portes. Parisien à cheveux bruns, œil noir, « nez bien fait, » nous dit son signalement, — ce bellâtre abusait de sa beauté plastique pour mettre à mal de trop jeunes citoyennes. Et puis, chez ce Faublas, moins de fortune encore que de moralité ! Clément logeait, au long de la Grève, rue de la Mortellerie, dans un sordide hôtel meublé, et ne mangeait pas toujours au gré de son appétit. Emprunteur sans vergogne, recevant la pièce de cent sous qu’il ne rendait jamais, le Tondu était devenu l’effroi d’amis qu’il tondait trop souvent. Parfois, Anselme Truck l’assistait de sa bourse ; mais ces furtives largesses étaient aussitôt dépensées en
- ↑ Les noms de ces inconnus figurent dans les dossiers de la Police. Faisaient-ils tous partie de la conspiration ? On ne saurait l’affirmer. Mais tous furent interrogés, envoyés à La Force ou à Pélagie, et plusieurs d’entre eux, — des officiers surtout — placés en surveillance dans leurs départemens.