façon, la Bulgarie serait en communication avec la Méditerranée, et c’est ce qui importe à son développement économique.
Il faut encore mentionner deux autres projets : l’un consisterait à prolonger jusqu’à Durazzo, par Ochrida, le chemin de fer à voie large de Salonique à Monastir qu’exploite la Compagnie des Chemins de fer Orientaux (allemande) ; il serait l’achèvement de la grande voie transversale de Constantinople à l’Adriatique. Le tracé qui partirait d’Avlona (Vallona), le meilleur port de la côte adriatique, et qui, remontant la vallée de la Vojuza et descendant celle de la Vistritza, aboutirait soit à Karaferia (Veria) sur la ligne Salonique-Monastir, soit à Salonique même, remplirait à peu près le même rôle. L’Italie est directement intéressée à l’ouverture de l’une de ces lignes qui favoriseraient le commerce de ses provinces centrales et méridionales. Le mur opaque que l’âpre Albanie dresse entre l’Europe latine et l’Orient serait enfin percé ; l’influence italienne s’exercerait sans obstacles jusque sur le grand port de Salonique.
Le discours du baron d’Æhrenthal aura eu un résultat inattendu ; dans tous les pays, on s’est mis à zébrer la carte des Balkans de tracés de chemins de fer ; toutes les diplomaties ont pris leurs mesures pour appuyer l’un ou l’autre de ces projets ; toutes, directement ou indirectement, réclament, soit pour leur pays, soit pour quelques-uns de leurs nationaux, des avantages importans. Mais outre ces intérêts particuliers, un intérêt plus général s’attache à tous ces chemins de fer. La Macédoine, toujours troublée et frémissante, l’Albanie indomptée, la Vieille-Serbie décimée, en seraient sillonnées en tous sens ; la locomotive apporterait avec elle plus d’aisance, plus de commerce, par conséquent plus d’ordre ; elle serait le plus énergique des facteurs de paix et de civilisation. Si les puissances, qui ont toutes des intérêts dans les chemins de fer ottomans, constituaient à Salonique, à côté de la commission financière, un comité pour assurer, sous la haute autorité des fonctionnaires du Sultan, le bon fonctionnement des chemins de fer et la sécurité des routes, elles auraient accompli la plus efficace des réformes macédoniennes. C’est dans cet esprit que le gouvernement français a promis son concours à toutes les demandes de concessions de chemins de fer. Si le gouvernement d’Abdul-Hamid est bien éclairé sur ses propres intérêts, il s’empressera de favoriser ces projets ; ils faciliteraient partout l’exercice de son autorité