Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Maison paternelle » pour les en fan s riches et insubordonnés. Chaque élève y recevait à part des leçons, sans jamais voir ses camarades ; c’était presque le régime cellulaire, appliqué à l’éducation. La colonie de Mettray tend, depuis quelques années, à perdre son cachet pénitentiaire, pour devenir une école de préservation et de réforme ; elle reçoit des pupilles difficiles de l’Assistance publique ou des garçons en danger moral, et leur fait apprendre un métier, celui de cultivateur de préférence. On s’efforce de développer chez eux le sentiment religieux, — et nous savons, hélas ! qu’on leur en fait grief, — celui de l’honneur et l’amour de la patrie. Après un séjour de trois ans au plus, le Comité d’administration les aide à se placer et continue à leur accorder son patronage bienveillant. S’ils se trouvent en détresse ou en cas de maladie, les anciens pupilles peuvent retourner à la colonie, où ils obtiennent des secours ou des soins médicaux.

Deux ans plus tard, le comte a de Gasparin, assisté de l’amiral Ver Huell et de M. André Walther, fondait à Sainte-Foy (Dordogne) une colonie analogue à Mettray (1844), pour les enfans protestans, mineurs de seize ans, soit condamnés par les tribunaux, soit acquittés comme ayant agi sans discernement, soit vicieux. Depuis 1891, la colonie a été admise à recueillir des enfans moralement abandonnés, c’est-à-dire des enfans dont les parens ont été déchus de la puissance paternelle, en vertu de la loi du 24 juillet 1889. L’établissement de Sainte-Foy, comme celui de Mettray, prolonge son action moralisatrice sur ses pupilles, après leur sortie, par le moyen d’un comité de patronage ; Mais la sollicitude des philanthropes n’a eu garde d’oublier les jeunes filles, qui, par l’effet de leur entourage ou de l’atavisme, étaient enclines au vice, ou de caractère difficile. A côté de Mettray et de Sainte-Foy, mais sur le même rang, nous devons mentionner la maison des Diaconesses et l’Atelier-Refuge de Darnetal, qui suivent la même méthode d’orthopédie morale : l’appel au sentiment religieux, pour réveiller la conscience, l’accoutumance au travail manuel, et une ferme discipline, tempérée par la bonté chrétienne. Dès 1843, Mlle Malvesin, la première diaconesse, comprit qu’il valait mieux, surtout en matière de pédagogie féminine, prévenir que réprimer ou réparer, et elle annexa à son refuge un disciplinaire pour les filles protestantes de sept à treize ans, et l’année suivante une retenue