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d’organiser, avec le concours du barreau et l’appui des pouvoirs publics, la défense des enfans arrêtés, d’étudier toutes questions de préservation ou réhabilitation de l’enfance et de provoquer la création d’institutions similaires[1]. Elle se réunit tous les quinze jours, au Palais, sous la présidence du bâtonnier de l’Ordre des avocats à la Cour d’appel. Depuis dix-sept ans, elle a grandement contribué à préparer des lois de 1898 et de 1904 et à encourager le patronage des enfans enclins au mal.

Le Patronage de l’enfance et de l’adolescence, fondé en 1896 par M. Henri Rollet, avocat à la Cour d’appel, prend les garçons un peu plus âgés que le Sauvetage, à partir de douze ans jusqu’à dix-huit ; il suffit qu’ils soient abandonnés ou en danger moral ; mais, en principe, il ne faut pas qu’ils aient déjà subi une condamnation. A l’office du patronage est annexé un atelier, où les pupilles, par un travail facile, peuvent gagner de quoi payer en partie leur gîte et leur nourriture. Le patronage de M. Rollet s’est en outre chargé, depuis un an, de faire surveiller, dans leurs familles, de jeunes délinquans acquittés par le tribunal.

A côté de ces œuvres d’initiative privée, il faut mentionner les créations récentes de l’Etat.

L’Asile temporaire d’observation a été ouvert, en 1893, à la suite d’une entente entre la magistrature, le Conseil général de la Seine et l’Assistance publique, dans les locaux de l’hospice dépositaire des Enfans Assistés, rue Denfert-Rochereau. Il est sous le contrôle immédiat de M. May, directeur de l’hospice. Il a pour but de recevoir des inculpés de moins de seize ans, qui paraissent dignes d’intérêt et aptes à être redressés. On les y garde pendant deux à trois semaines, on les occupe à des travaux d’intérieur, on observe leur caractère. Au bout de ce temps, s’ils sont radicalement vicieux, on les remet à la disposition de la justice ; s’ils sont améliorés, on les rend à leur famille, ou on les garde comme pupilles de l’Assistance publique. En 1905, sur cinquante-cinq enfans soumis à l’observation, dix ont été remis aux juges d’instruction ; trente-deux rendus à leurs parens ou au département d’origine ; douze immatriculés comme pupilles, et un s’est évadé.

N’oublions pas l’École Théophile Roussel, fondée par le Conseil

  1. Elle a créé, à l’instar du Comité de Bruxelles, un sous-comité de jeunes avocats, présidé par M. le conseiller Flandin et qui se répartissent les dossiers des jeunes délinquans dont ils prennent la défense.