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for Barn) fondée à Stockholm en 1886, par Mme Anna Hierta-Retzius, en vue de préserver les enfans pauvres de sept à quatorze ans du vagabondage, en dehors des heures de classe et de leur inculquer le goût du travail manuel. A cet effet, elle a ouvert dans les dix paroisses ou quartiers de Stockholm des salles de travail capables de recevoir de 60 à 200 enfans. Ce sont les instituteurs ou institutrices d’école primaire, qui font la sélection des enfans les plus indigens ou les plus négligés. Les plus jeunes, de sept à dix ans, sont recueillis de onze heures à une heure après-midi et y prennent le dîner qui, en Suède, se fait à cette dernière heure. Les aînés, de dix à quatorze ans, viennent à l’ouvroir de cinq à sept heures du soir et y prennent le souper. Un certain nombre d’enfans y sont gardés de une à sept heures et demie du soir : ceux-ci, les privilégiés, sans doute parce que les plus déshérités en fait de vie de famille y dînent, font leurs devoirs ou apprennent leurs leçons, et s’exercent au travail manuel[1]. Ces pauvres écoliers sont très fiers de montrer à leurs parens leur premier ouvrage, et de gagner un peu d’argent ; ils s’attachent beaucoup à leurs ouvroirs.

Les résultats, obtenus par Mme Hetzius, au point de vue du vagabondage et des délits qui s’ensuivent, ont été si considérables au bout de quelques années que la plupart des conseils de paroisse ont résolu de lui fournir gratuitement les locaux et que le Conseil municipal de Stockholm a alloué à son œuvre une subvention de 20 000 francs par an. De la capitale, cette utile institution s’est répandue dans toutes les villes de Suède, où l’on compte maintenant soixante-dix de ces ouvroirs.

L’idée de garder les enfans, pendant l’absence des parens hors de leur foyer, qui a son prototype dans la crèche créée par F. Marbeau en 1840, est si juste et répond à un besoin si général, qu’elle est venue à l’esprit de philanthropes de pays divers : en 1880, Mlles Malan, les filles de César Malan, le théologien bien connu, fondaient à Genève une garderie scolaire et nous apprenons qu’à Paris MM. Henri Monnier et H. de Peyster sont en train d’en organiser de semblables. Le journal « la Française » vient aussi de convier les dames du monde à

  1. On enseigne aux garçons le découpage et la sculpture du bois (Slojd), la vannerie, la menuiserie, la réparations des chaussures (savetiers) ; quant aux jeunes filles, elles y apprennent la couture, les soins du ménage.