mais aussi pour la Prusse. Ne croyez pas que les occasions nous aient fait défaut d’entrer dans des combinaisons qui auraient pu, ou qui auraient même dû nous conduire à une politique hostile ; mais nous nous sommes appliqués à repousser énergiquement tout rapprochement de ce genre. Lorsque, après le changement de la situation intérieure, nous sommes arrivés au pouvoir, nous apprîmes que le général Fleury avait discuté à Pétersbourg la question du Sleswig et pris l’initiative d’une action diplomatique dont il était facile de prévoir le résultat. Aussitôt le comte Daru s’empressa de faire parvenir des instructions formelles au représentant de la France auprès de la cour de Russie, pour lui prescrire de ne plus agiter cette question. Nous étions tous d’avis qu’en persistant dans la voie où le général s’était engagé, nos relations avec la Prusse s’altéreraient nécessairement, et comme le Cabinet actuel est délibérément pacifique, nous attachions un trop haut prix aux bonnes relations existantes avec le Cabinet de Berlin, pour admettre qu’elles fussent troublées par un intérêt d’aussi minime importance que l’est, au fond, celui du Sleswig. Mais si nous n’avons fait aucun mystère de notre intention de maintenir des relations de voisinage amical avec la Prusse et avec l’Allemagne, il importe, cependant, que, sur l’autre rive du Rhin et particulièrement du côté du parti national, on ne nous rende pas la tâche difficile, et que l’on sache comment nous envisageons le cours ultérieur du mouvement unitaire. Le dernier discours du comte de Bismarck a produit sur nous une impression favorable parce qu’il indique sa volonté de ne pas brusquer la solution. Nous désirons que l’on reste fermement, à Berlin, dans cet état d’esprit et qu’on ne s’en laisse détourner par aucune objurgation particulière. Le parti national ne doit pas oublier que nous serions hors d’état, et que moi-même je ne pourrais pas, nonobstant mes sympathies allemandes, lutter contre le courant de l’agitation publique en France dans le cas où la Prusse, par une pression évidente, forcerait les États du Sud à accéder à la Confédération contre la volonté des populations. Il en résulterait un mal incalculable. Mais il en serait tout autrement si cette union se produisait avec le temps par un mouvement populaire si fort que toute résistance parût puérile ou injustifiée. Mais qui affirmera qu’à l’heure actuelle, un semblable mouvement existe ? Cependant, s’il se produit un jour et qu’il ne soit pas artificiellement provoqué, nous nous trouverions alors en possibilité
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