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VII

L’Empereur voulut être renseigné sur-le-champ. Ayant lu, dans le Journal des Débats, le compte rendu du discours de Prim par John Lemoinne, avec l’indication du prince de Hohenzollern, l’affaire lui apparut sous son vrai jour. Il écrivit aussitôt à Gramont, le 17 juin : « Mon cher duc, Je vous prie d’écrire à Mercier à Madrid pour savoir s’il est vrai qu’il y ait une intrigue bien ourdie pour faire accéder à la couronne d’Espagne un prince prussien. Il faudrait, si cela était vrai, faire savoir à Berlin et à Madrid combien cette combinaison nous déplairait. » En conséquence de cet ordre, Gramont écrivit à Mercier : « A plusieurs reprises, dans le courant de l’année dernière, le département vous a entretenu de certains symptômes, pouvant faire supposer qu’il avait été plus ou moins sérieusement question d’un prince prussien pour la couronne d’Espagne. — Cette combinaison n’a point, toutefois, pris de consistance, et il ne paraît pas, qu’à aucun moment, la pensée des hommes d’Etat espagnols s’y soit arrêtée réellement, comme à un projet susceptible d’être mis à exécution. Il nous revient, aujourd’hui, que l’idée aurait été reprise en dernier lieu, et qu’il se serait formé, à Madrid, une intrigue assez fortement ourdie, dans le but de faire arriver au trône un prince prussien. — On compterait sans doute sur la fatigue qui se serait emparée des esprits, à la suite des dernières discussions, pour poser cette candidature, et précipiter les résolutions du pays, à l’aide de la confusion qu’elle ne manquerait pas de produire. — Je n’ai pas besoin de vous dire comment une semblable combinaison serait envisagée en France ; les graves objections qu’elle soulève pour nous se présentent d’elles-mêmes à l’esprit. J’attache donc beaucoup d’intérêt à savoir de vous jusqu’à quel point les informations qui me sont parvenues seraient fondées, et si le projet de mettre en avant un prince de Hohenzollern, ou tout autre membre de la famille royale de Prusse, existe effectivement (11 juin). »

Mercier prend des informations et les communique à son ministre par une dépêche officielle : « La personne qui m’a informé m’a dit que le maréchal Prim, tout en accueillant les ouvertures, n’avait jamais fondé aucun espoir sur leur réussite :