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gens : « Ne suivez pas les cours théoriques ; ne fréquentez pas les laboratoires ; délaissez hardiment les pavillons de dissection, les travaux pratiques de chimie, de physique et d’histoire naturelle ; vous n’apprendrez là rien qui vaille ; vous n’avez qu’à fréquenter les cliniques, à voir des malades. Tout le reste n’est rien ! » Ce sont là de détestables conseils. Il faut suivre les cours, parce que les professeurs y enseignent ce que l’élève doit savoir, avec moins de détails superflus que dans les livres, et de manière à être facilement compris. Il faut fréquenter les salles de dissection, parce que l’anatomie est indispensable. Il faut assister aux travaux pratiques, et, quand cela est possible, passer plusieurs heures dans les laboratoires, parce que la recherche scientifique est une excellente discipline pour l’esprit, et que nulle initiation n’est plus profitable. Est-il raisonnable qu’au sortir du collège le jeune homme aille tout de suite passer ses matinées à l’hôpital ? Il verra des malades atteints de sclérose, et il ne saura pas si la moelle épinière est devant ou derrière la colonne vertébrale. Il verra des laparotomies, et il n’aura jamais entendu prononcer le mot de péritoine. Il entendra des prescriptions faites à un diabétique, et il ne saura pas si le sucre a la même composition que la benzine. Chaque chose doit être mise en sa place. Avant d’étudier la médecine, il faut étudier la base de la médecine. L’état morbide ne sera connu que si on connaît l’état normal. Et il serait tout aussi insensé de vouloir commencer les études médicales par la pathologie que de supprimer l’algèbre et la géométrie élémentaires pour apprendre tout de suite le calcul intégral.

Donc, c’est à tort qu’on accuse notre Faculté de médecine de donner une trop grande place à la science. Le reproche inverse serait plus justifié. Il est manifeste que beaucoup de nos jeunes docteurs sont assez peu au courant des choses de la science, et que, si une réforme devait être faite, ce serait pour augmenter la culture scientifique.

Rien ne serait plus désirable que la participation active de tous les étudians à des travaux de laboratoire ; à des exercices pratiques plutôt, car il ne peut être question de recherches originales. Mais le nombre considérable des étudians inscrits rend la chose très difficile, presque impossible. Il y a tous les ans sept à huit cents jeunes étudians de première année, quelquefois davantage. Les exercices de dissection, de microscopie,