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CONCLUSION

Le lecteur qui aura eu la patience de me suivre s’est déjà rendu compte qu’il ne s’est agi ici que d’une étude sommaire, très élémentaire. Pour traiter, avec tous les développemens qu’elles comportent, les graves questions que j’ai effleurées, il eût fallu entrer dans beaucoup plus de détails. Sans doute les médecins savent parfaitement tout ce que j’ai dit ici. Mais ce n’est pas aux médecins que je me suis adressé, c’est plutôt aux malades, c’est-à-dire au public. On lui avait dit beaucoup de mal des médecins et des institutions médicales ; et ni les médecins ni les institutions médicales n’avaient répondu. Nous avons pris la parole pour les défendre.

Certes, les médecins ne sont ni des dieux, ni même des demi-dieux ; ni des anges, ni même des saints. Ils sont hommes, avec les mêmes défauts de paresse, de vanité, de cupidité que les autres hommes. Mais ce qui les distingue des autres hommes, ce sont certaines qualités professionnelles, véritablement admirables : le dévouement aux malades, la patience, le courage. — Ils ne sont pas tous des savans, cela va sans dire. Mais leur instruction est suffisante pour leur permettre de soulager efficacement beaucoup de douleurs humaines. — Nos institutions médicales ne sont pas parfaites. Mais, si imparfaites qu’elles soient, elles donnent à tous ceux qui ont un grand talent le droit d’arriver aux premiers rangs. Elles permettent aux autres d’acquérir les connaissances nécessaires à la pratique de leur art.

Quant à la médecine, elle a fait, grâce à des savans illustres, des progrès extraordinaires. Aussi rien n’est-il plus injuste que de dire : la médecine n’a rien fait. Au contraire, elle a fait des prodiges. Elle en fera encore si on lui donne les ressources nécessaires à toute recherche expérimentale. Les bienfaits passés sont innombrables. Mais on peut espérer que les bienfaits futurs seront plus abondans encore.

Voilà ce que je me suis permis de dire pour défendre cette noble profession médicale, que je respecte et que j’aime ; et j’ai tâché de montrer que ce respect et cet amour sont légitimes,


CHARLES RICHET.