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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/684

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La vie intérieure de chaque individu était modelée sur le même code moral, et tous les enfans de l’hémisphère orienta obéissaient aux mêmes lois morales. L’âme des nations de l’Extrême-Orient reflétait l’idéalisme du grand ascète hindou, Gaudama, et les doctrines du philosophe national chinois, Confucius. Qu’y a-t-il de surprenant, après cela, à ce que l’éducation de tous ces milliers d’êtres reposât sur les mêmes principes et que leurs professeurs aient, pendant des siècles, pris leurs inspirations aux deux mêmes sources originaires ?

Les Shoguns comprirent les avantages politiques de ce système et les bienfaits qui en découlent ; ils en ont été les plus fermes soutiens et protecteurs. Ils ont élevé leurs sujets et leurs enfans dans les mêmes principes rigoureux, la même discipline sévère, le même esprit d’abnégation. Ces autocrates tout-puissans étaient de braves soldats, des politiciens intelligens, et, comme tout homme qui est fils de ses œuvres, des psychologues à la vue longue, et ces qualités chez eux avaient atteint la perfection, grâce à une pratique héréditaire. Il ne leur avait pas été facile d’arriver au pouvoir ; s’y maintenir exigeait encore plus d’habileté et de discrétion.

Ces hommes étaient généralement à la hauteur de la tâche entreprise, celle qui consistait à faire de leurs sujets des soldats courageux et des patriotes héroïques. Ils semblent avoir bien compris que la nature humaine est plus souple qu’on ne le suppose généralement, pourvu que l’entraînement commence de bonne heure. Il incomba dès lors aux parens d’implanter chez les enfans les premiers principes, et la famille devint ainsi la meilleure école.


II

Parmi les nombreuses idées vagues sur le Japon, qui circulent en Europe, celles qui se rapportent à la constitution de la famille sont peut-être les plus confuses de toutes, et, pour tout ce qui concerne la condition de la femme, les idées qui ont cours sont presque toujours entièrement fausses. On suppose que la femme est simplement l’esclave du mari, une créature sans droits, qui n’a que des obligations sans plaisirs, et surtout des soucis. Cependant, la plus simple connaissance de l’histoire du Japon nous fera voir le contraire, et une étude plus approfondie