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LA
PRUSSE ET LA FRANCE
AU COMMENCEMENT DE 1870


I

L’avènement du régime libéral en France donna à Bismarck plus de soucis que ne nous en inspiraient les impatiences de son ambition. Convaincus par les affirmations réitérées de Stoffel et de Benedetti qu’il ne songeait pas à édifier la dernière arche du pont en construction sur le Mein, décidés à ne pas porter la hache sur celles déjà construites, nous ne redoutions pas qu’un conflit extérieur nous empêchât d’opérer en toute tranquillité la réforme libérale. Notre arrivée dérangeait au contraire de fond en comble les calculs du chancelier prussien.

Il était alors en pleine activité de concentration dans le Nord ; il venait de supprimer la représentation des États confédérés, l’avait transportée à la chancellerie fédérale, et, comme conséquence de cet accroissement d’attributions, avait divisé l’office de cette chancellerie en deux sections : l’une, celle de l’extérieur à la tête de laquelle il mit Thile, avec le titre de secrétaire d’Etat, et l’autre, celle de l’intérieur, qu’il confia à Delbrück, sur lequel il comptait autant que sur Thile. Il opérait en même temps l’unification de l’impôt foncier et du code pénal.

Ces mesures nécessaires froissaient les habitudes des populations, qui n’étaient pas sans en murmurer, même en Prusse. Dans les pays annexés, le mécontentement régnait : le ridicule