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profite de l’antagonisme entre la civilisation japonaise et la civilisation européenne.


En terminant son article, le docteur Otsuka semble partager, quoique à regret, la conviction, très répandue ici, que :


Dans le conflit avec les Européens, l’idéal japonais sera, à la longue, détruit. Le beau et le bien, tels que nous les avons connus et aimés, seront sacrifiés à des formes grossières d’utilitarisme moderne. Une chose me semble certaine, la culture japonaise ne peut pas vivre dans l’isolement. Son unique chance de durer serait dans la découverte possible, mais problématique, d’une méthode qui unirait, en les fondant ensemble, les deux civilisations.


L’éminent auteur conclut ainsi :


Il y a des pessimistes pour qui l’édifice colossal du progrès moderne est sapé dans sa base et fatalement condamné à s’effondrer comme s’est écroulé le grand empire romain. Il y a, d’autre part, des philosophes également convaincus du contraire, qui ne voient que des causes de stabilité et de durée dans les institutions d’Occident.


Il termine ces réflexions en exprimant sa confiance dans le vaste travail de régénération intellectuelle auquel sa patrie prend une si large part.


Une chose qui apparaît comme sûre aux profonds penseurs, dit-il, c’est que la civilisation matérielle d’aujourd’hui n’échappera au terrible cataclysme qui la menace que par l’adoption de principes spirituels et moraux, qui endigueront, conduiront et guideront son énergie. La moralisation de l’industrialisme est une tâche qui s’impose de plus en plus. N’est-il pas possible au Japon de prendre la part prééminente dans cette grande œuvre, et n’est-ce pas à lui de contribuer à sauver l’Europe et l’Amérique des dangers qui les entourent ?


Prévoir ou prédire est toujours périlleux, et d’ailleurs hors de nos moyens ; mais vraiment, dans ses aspirations vers un idéal plus élevé de la vie sociale, dans les efforts qu’il tente pour établir l’instruction publique sur des principes de morale et de justice, dans son ambition de donner à la jeunesse un sentiment plus noble de ses devoirs, le Japon offre un exemple digne d’être suivi par bien des nations.


VAY DE VAYA.