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centimètres de diamètre sur soixante de profondeur. Vous l’avez mesuré. C’est bien exact. »

Ainsi continuait de parler ce complaisant périégète dont les propos m’étaient traduits, au fur et à mesure, par le Père Authemard. Mais, tout en l’écoutant, je profitais de la licence que j’avais d’examiner le temple du dehors. Au premier abord, la pagode de Sittamour ne diffère point sensiblement des édifices brahmaniques de style dravidien. Tout comme ceux-ci, elle présente son porche principal couronné par un gopura monumental, en briques, dont le sommet possède les ornemens latéraux épanouis en queue de paon. De ce gopura, les sept étages sont surchargés de figures humaines ou de bêtes. Entre celles-ci le lion est d’une extrême fréquence. Il apparaît là comme emblème de Mahavira, le vingt-quatrième et dernier Tirthamkara de l’Avasarpini ; ce Mahavira qui, lors de son incarnation en Triprishta Vaçoudéva, fut condamné à revivre sous les espèces d’un lion, parce qu’il avait tué, pour le seul plaisir du mal, un officier de sa maison.

Voûté en couvercle de bahut, le comble du gopura est sommé de sept ornemens sphériques qui se terminent en pointe. La porte d’entrée se charge de moulures dont les croisemens dessinent un réseau à mailles quadrangulaires ayant chacune la bossette en cuivre d’un clou de renfort à son centre. Les pieds-droits du porche ont été empruntés à la pagode de Genji. L’un et l’autre portent une bayadère, demi-nature, soigneusement exécutée, avec, au-dessus, un petit personnage guindé sur un éléphant dont la trompe s’arque pour donner naissance à un rinceau qui se déroule à l’infini. Sur les pilastres, c’est la figure du Tirthamkara, représenté nu et debout. Son image se répète sur le dôme du sanctuaire que surmontent trois sphères aplaties, ciselées, à l’exemple de l’Amalaka qui caractérise certains temples du Nord. Mais le personnage du dôme est accroupi, assis en tailleur, dans la position traditionnelle du Boudha.

Je l’aperçois, ce sanctuaire, et devant lui, les deux stambas qui se suivent sur une même ligne avec sa porte. La première de ces colonnes mesure huit mètres de haut, et son piédestal de gneiss sculpté, à trois étages décroissant, un et demi. Au dire du Samiar, ce stamba cylindrique, revêtu de cuivre, cerclé de dix-sept tores, est en bois de teck. Sa petite plate-forme carrée est munie de trois poulies servant à manœuvrer la bannière des