Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ici, j’ai trouvé un accueil parfait de bonne grâce et d’empressement, et j’y ai noué pour l’avenir, si jamais j’y reviens, des relations fort agréables.

Bruxelles est charmant. Il n’y a de charmant, comme séjour, que Bruxelles et la Haye qui est bien la ville la plus exquise que je connaisse. Toutes sont curieuses. Quelques-unes sont mortelles d’ennui, excepté l’intérêt de leurs églises.

Bref, j’ai bien fait de me déplacer, et bien fait de venir par ici. Un voyage ailleurs, dans un pays sans art, ne m’aurait pas distrait de ce qui m’occupe et ne m’aurait rien appris. Celui-ci m’a distrait, et probablement me donnera l’occasion de dire enfin un mot des choses que j’aime et que je crois sentir juste...

Adieu. Pardonnez-moi mon long silence. Mes plus tendres respects à votre chère mère. Quant à vous, mes chers amis, laissez-moi vous embrasser tous les trois aussi tendrement que je vous aime et du fond de mon cœur d’ami.

EUG.


Voici quelques fragmens destinés aux Maîtres d’autrefois et qui n’ont pas été mis en œuvre. Ils forment le complément naturel des lettres et des notes de voyage relatives aux Pays-Bas[1].

[L’Église Hollandaise[2].]


Amsterdam.

Il ne faut pas faire le peuple hollandais meilleur qu’il n’était : son histoire est assez belle pour qu’on ne le flatte pas. Il avait en lui des germes d’art extraordinaires, puisqu’il en est sorti une des trois grandes écoles de peinture que le monde ait vu naître : non pas la plus grande, ni la plus inventive, mais certainement la plus originale et la plus habile en son métier. On a pensé mieux, on a imaginé et deviné plus, on a résolu de bien autres problèmes, on n’a jamais mieux peint qu’à Amsterdam pendant cent ans. Il est à croire aussi que ce peuple aimait beaucoup les arts, du moins celui-ci. Il avait le goût des choses bien faites et (l’avait-il ?) le sens assez exercé des belles pratiques.

  1. Extraits du manuscrit des Maîtres d’autrefois déposé à la Bibliothèque de Versailles par Edmond Schérer à qui Mme Eugène Fromentin l’avait donné. Une mention placée en tête de chacun de ces fragmens indique qu’ils sont inédits.
  2. Voyez Maîtres d’autrefois, 6e édition, notamment p. 163 et suiv.