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LA VIE ET L’ŒUVRE
DE
M. GASTON BOISSIER

M. Gaston Boissier a été un des collaborateurs les plus fidèles de la Revue : c’est le 1er avril 1863 qu’il publiait ici son premier article, sur le testament politique d’Auguste ; c’est le 15 août 1907, au bas d’une étude sur la suppression des Académies en 1793, que nos lecteurs ont vu pour la dernière fois sa signature ; et, dans l’intervalle, il n’est, croyons-nous, pas un des livres de ce fécond écrivain dont il ne nous ait donné la primeur. Les bons effets de cette collaboration constante se faisaient également sentir des deux côtés. Si M. Boissier apportait à la Revue l’appui de son érudition abondante et de son souple talent, il lui devait en échange quelque chose d’infiniment utile pour l’œuvre qu’il avait entreprise : des lecteurs dignes de le comprendre et de l’apprécier. Répandre dans un tel milieu les données de la science historique était la tâche qui convenait le mieux à ses goûts, à son esprit, trop vif pour s’attarder aux minuties de la pure recherche érudite, trop fin pour descendre à la vulgarisation banale. Sans doute les lecteurs de la Revue n’étaient pas les seuls que M. Boissier voulût atteindre, mais ils lui indiquaient, si l’on peut dire, le niveau auquel il devait se tenir pour être en contact avec ceux qui n’étaient ni des professionnels ni des ignorans, mais des « honnêtes gens, » au sens du grand siècle. C’est cette adaptation réciproque de l’auteur et du public qui a causé le succès des articles, puis des ouvrages