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population ayant une profession. Partout on constate un afflux de population féminine vers les fabriques, notamment dans les régions où l’agriculture ne fournit pas aux femmes une occupation rémunératrice.

La statistique, d’après le recensement de 1901, donne la proportion suivante des femmes par rapport aux hommes dans les diverses branches du travail ;

Agriculture : 28 pour 100 ;
Commerce : 35 pour 100 ;
Professions domestiques : 77 pour 100 ;
Professions libérales : 33 pour 100.

Dans la fraction salariée ou ouvrière de la population industrielle des usines et des ateliers, on compte 927 705 femmes contre 2 350 819 hommes. Dans la population ouvrière travaillant à domicile, les femmes sont en majorité : 906 512 contre 679 568 hommes.

Dans les établissemens industriels, le groupe du vêtement, où l’on compte les couturières, blanchisseuses, modistes, lingères, etc., occupe cinq fois plus de femmes que d’hommes, soit 381 000. Dans l’industrie textile, soie, coton, laine, dentelles et broderies, il y a un peu plus de femmes que d’hommes, soit 331 000. Les autres industries renferment des agglomérations féminines infiniment moins nombreuses. Quant aux domestiques, plus de la moitié sont recrutés chez les femmes. L’agriculture prend chez les femmes un tiers de ses ouvriers ; le commerce un quart environ de ses employés ; et ces proportions restent sensiblement les mêmes chez les diverses nations européennes, soumises à des conditions économiques analogues.

Partout d’ailleurs, en raison des récentes inventions ou industries dues aux progrès de la science, s’ouvrent de nouvelles carrières à l’activité féminine, telles que les postes, les télégraphes, les téléphones, la sténo-dactylographie. Le développement de l’instruction a accru dans des proportions extraordinaires le nombre des femmes vouées à l’enseignement sous toutes ses formes : littéraire, scientifique, artistique.

Mais, pour en trouver les plus étonnans exemples, il faut aller aux Etats-Unis. Là, si le nombre des femmes possédant une profession manuelle est très faible relativement à l’Europe, en revanche celles qui sont adonnées à des carrières libérales sont proportionnellement bien plus nombreuses. On y compte,