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favorise à cet égard les filles des anciens ouvriers. Les conditions de sécurité et d’hygiène sont bonnes dans ces établissemens ; le travail y est suffisamment rétribué. De nombreuses institutions d’assistance et de prévoyance sont ouvertes aux cigarières. C’est d’ailleurs la seule profession féminine où l’organisation syndicale embrasse l’ensemble de la profession, sur tout le territoire français ; et encore les syndicats sont-ils mélangés d’hommes et de femmes.

Lorsque, dans d’autres professions, les femmes sont groupées soit dans des syndicats mixtes avec les hommes, soit dans les syndicats purement féminins, le fait demeure généralement local et l’ensemble de la profession reste étranger au mouvement. Il y a, en effet, en France près de 7 millions de femmes possédant un métier et il n’y a pas 100 000 syndiquées parmi elles.

Après l’industrie des tabacs on trouve surtout les femmes mélangées avec les hommes dans les syndicats de l’habillement et des fournitures militaires, des arsenaux, de la chaussure, des textiles, des gens de maison, de l’imprimerie, de la blanchisserie, de l’alimentation en gros, des chiffonniers. Jusqu’à quel point les intérêts spéciaux des femmes sont-ils protèges dans la plupart de ces syndicats à tendances parfois avancées et souvent affiliés aux bourses du travail ? Nous ne saurions le dire. La question du travail féminin proprement dit y occupe une place la plupart du temps insignifiante, sinon nulle. C’est dans les syndicats exclusivement féminins qu’on s’occupe spécialement des conditions du travail qui sont, pour la femme, la conséquence des transformations économiques et sociales contemporaines ; et il est naturel qu’il en soit ainsi. Mais le nombre de ces associations est encore restreint et les retards dans l’organisation de la plupart des professions féminines tient à des causes particulières dont les principales sont l’état de passivité et le manque d’initiative habituel de la femme.

On trouve bien, dans quelques régions, un certain nombre de syndicats des industries textiles, souvent d’ailleurs assez vaguement constitués, laine, coton, soie, recrutés parmi les ouvrières des manufactures : mais, si on considère l’ensemble du territoire de la France, et surtout, si on cherche les seules organisations syndicales un peu sérieuses qui existent dans la population purement féminine, c’est dans l’industrie du vêtement qu’on les rencontre. Ouvrières de l’aiguille, couturières,