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colonel Renard sur la France en 1884 et 1885. Comme ce moteur pesait 500 kg. et donnait 8 chevaux et demi pendant deux heures seulement, soit un poids de 30 kg. par cheval et par heure, on voit que si l’on voulait marcher pendant cinq heures avec un moteur de ce genre porté à 40 chevaux, ce moteur pèserait 6 000 kg. La conclusion est évidente, et cependant, au moment où l’éminent ingénieur procédait à ses expériences, son moteur était réputé des plus légers.

Tout change avec un moteur à essence tel que celui du Lebaudy. Comme ce moteur ne pèse que 300 kg., soit 7kg, 5 par cheval, et qu’il ne dépense que 14 kg. d’essence par heure, ce qui met le cheval-heure à 7kg, 85 au lieu de 30, on voit que l’aéronat pourra non seulement enlever le moteur et la provision de combustible nécessaire pour 5 heures de marche, soit 370 kg., mais qu’il restera encore 730 kg. de poids utile pour le lest, les voyageurs, etc. L’apparition du moteur à explosion a donc seule rendu possible la solution du problème des ballons dirigeables, et l’automobilisme peut même revendiquer une large part dans cette nouvelle conquête de la science. N’est-ce pas, en effet, à l’idée, que l’on s’accorde aujourd’hui à trouver géniale, de l’organisation des courses, avec poids limité à 1 000 kg., que ce genre de moteur a dû ses rapides et étonnans progrès ? Et encore, notons que dans les aéronats qui circulent à cette heure, on s’interdit d’employer des moteurs de moins de 4 à 5 kg. par cheval, la sûreté du fonctionnement étant une condition de la plus haute importance, qui, évidemment, doit passer avant toutes les autres.

Toutefois, si l’on veut tirer du moteur à explosion le meilleur parti possible, on nous accordera qu’il est absolument indispensable de ne pas créer ou de ne pas laisser se créer des résistances parasites à l’avancement, d’où la nécessité : 1° de placer convenablement l’organe propulseur ; 2° d’assurer d’une façon absolue la permanence de forme de la carène.

Supposons, d’abord, l’hélice à l’avant de la nacelle, comme dans la France, le Santos-Dumont n° 6, la Ville-de-Paris : elle chassera l’air derrière elle avec une grande force et, cet air venant buter contre les parties voisines de l’aéronat, une fraction importante de la force de propulsion sera perdue. Si nous la fixons à l’arrière, autre inconvénient, car elle aspirera l’air qui est dans le sillage de la nacelle, et comme cet air est le siège de