Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ignorait complètement l’existence de la vitesse critique, vitesse qui dépend, d’ailleurs, du type de dirigeable employé. Mais c’est à elle que nous faisions allusion au commencement de cet article à propos de la randonnée du Santos-Dumont n° 6. Par suite des vices de construction de cet aéronat, vices que nous avons soigneusement signalés à mesure que l’occasion s’en présentait, sa vitesse critique devait être voisine de 11 à 12 mètres, — le tangage inquiétant observé au retour semble l’indiquer. — Si donc sa vitesse propre eût atteint ou même approché ces chiffres, nous aurions probablement aujourd’hui à enregistrer, au lieu d’une victoire éclatante de la Science, une défaite retentissante d’une portée incalculable, et, peut-être même, la perte d’une vie que l’avenir devait montrer précieuse à tous égards.

Un nouveau problème se pose donc : reculer, par des moyens tout autres que ceux que nous avons examinés jusqu’ici, l’instant où la vitesse du dirigeable le prive, si parfaite que soit sa construction, de toute espèce de stabilité.

Les moyens directs ne manquent pas. Ainsi, la nacelle peut être munie, comme celle du Santos-Dumont n° 6, d’un poids mobile que l’on envoie à l’avant, pour surcharger cette partie, lorsque, par exemple, l’aéronat se soulève ; dans le von Parseval, c’est au jeu de deux ballonnets, placés l’un à l’avant, l’autre à l’arrière, que l’on demande le même résultat. Mais ces manœuvres sont lentes, délicates, à la merci d’un faux mouvement ou d’une erreur du pilote. Le mieux est l’emploi, comme dans les sous-marins, de gouvernails horizontaux (gouvernails de profondeur) dont l’efficacité tient évidemment aux mêmes causes que celles qui rendent si puissante l’action des gouvernails de direction. Toutefois, on tend de plus en plus, aujourd’hui, à demander à ces appareils, non pas d’amortir le tangage, mais de servir, par leur inclinaison, à faire monter le ballon sans jet de lest, à le faire descendre sans perte de gaz ni de lest. Seulement, ils ne peuvent guère remplir cet office que dans une mesure restreinte, car, comme les gouvernails verticaux, ils n’ont d’action qu’autant que le ballon marche et on se trouve, par conséquent, avec eux, à la merci du moteur. Si, à la descente, leur emploi ne présente pas d’inconvéniens sérieux, il n’en est pas de même lorsqu’on s’en sert d’une façon exagérée pour monter ; la moindre panne produit alors, infailliblement, une descente rapide, dangereuse, une chute, en un mot, et il en serait évidemment de