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considérer comme des fous ou des utopistes les adeptes de cette navigation et a forcé gouvernemens, ingénieurs et savans à s’occuper de cette question comme ils ne l’avaient jamais fait jusqu’alors, tout ce que nous admirons aujourd’hui en aéronautique, tous les résultats acquis, aussi bien dans le domaine du plus lourd que dans celui du plus léger que l’air, sont des preuves palpables et vivantes de la magnifique impulsion donnée à cette branche de l’activité humaine par l’énergique et intelligent sportsman que l’Amérique latine nous a envoyé.


III

L’idée d’appeler le plus lourd que l’air au secours du plus léger, en d’autres termes de munir les ballons dirigeables d’organes de stabilisation tels que des plans horizontaux ou verticaux, fixes ou mobiles, date de longtemps. En 1885, le dirigeable France était muni d’un plan horizontal qui contribua certainement à assurer la stabilité très grande qu’a toujours conservée cet aéronat. En 1901, le colonel Renard commençait une étude approfondie des moyens de stabilisation applicables aux dirigeables. Mais déjà M. Julliot, que cette question préoccupait aussi depuis quelques années, avait mené à bien la construction du Lebaudy, cette machine aujourd’hui célèbre dont les belles qualités nautiques enthousiasmèrent, dès le premier jour, les hommes les plus compétens.

Examinons donc en quoi consiste cet aéronat, ce type des dirigeables militaires français actuellement en usage ou en construction, longtemps appelé le Jaune à cause de l’enduit au bichromate de plomb destiné à protéger de l’action chimique des rayons solaires le caoutchouc de la double étoffe de coton qui constitue son enveloppe.

Signalons, avant tout, dans ce ballon, la présence d’une pièce tout à fait nouvelle, la carcasse, vaste plate-forme elliptique, de 22 mètres de long et 6 mètres de large, constituée par un cadre en tubes d’acier de haute résistance (acier au nickel). Grâce à cette pièce, sur laquelle vient s’aplatir le ventre du ballon et auquel elle est rattachée par une courte bande de filet en couronne, il est possible : 1° d’assurer presque mathématiquement la sécurité de l’enveloppe et de la suspension dans le