Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/443

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à faire le plus grand possible : quod erat demonstrandum.

Pour fixer les idées, imaginons un aéronat du type Patrie, d’un volume quadruple, soit 12 000 mètres cubes, dimension parfaitement acceptable à l’heure actuelle. Calculons d’abord la force motrice nécessaire pour lui donner la vitesse moyenne de 12 mètres qu’imprimait à la Patrie son moteur de 70 chevaux. Nous trouverons, en nous appuyant sur ce fait que la puissance du moteur, pour un même type de dirigeable et une même vitesse, est proportionnelle au carré des dimensions linéaires, 175 chevaux environ. Si ce moteur ne pèse pas davantage, par cheval, que celui de la Patrie, c’est-à-dire, si son poids net est d’environ 775 kg. ; s’il ne consomme pas proportionnellement plus d’essence, nous trouverons, pour le poids du moteur (combustible pour 10 heures de marche compris) 1 380 kg. environ. Il restera alors, toutes choses étant mises au pis, et essence non comprise, un poids utile de 7 000 kg., sept fois plus grand que celui de la Patrie. Mais une vitesse propre de 12 mètres est insuffisante, nous avons vu pourquoi tout à l’heure. Si l’on veut être sûr de faire, deux jours sur trois, au moins, du 36 à l’heure, il faut 20 mètres de vitesse propre, ce qui exige, la puissance du moteur, pour un même aéronat, étant proportionnelle au cube des vitesses, une force motrice de 820 chevaux environ. Avec un poids, par cheval, égal à celui du moteur de la Patrie, cette puissance, relativement énorme, ne pourrait pas être convenablement utilisée. Mais des moteurs de 2 kilogrammes par cheval, d’une marche absolument sûre, — ces moteurs n’existent pas encore, que nous sachions, mais ils existeront bientôt, — rempliraient avantageusement le but désiré. On pourrait, avec eux, étendre la durée du voyage à 24 heures, à 48 heures même, en constituant la presque-totalité du lest par de l’essence. Conclusion : il est permis d’espérer qu’avant dix ans, nous verrons passer au-dessus de nos têtes des dirigeables genre Julliot d’un tonnage de 12 000 mètres, de 20 mètres de vitesse, capables, deux jours sur trois, de parcourir d’une traite, en 48 heures plus de 1 600 kilomètres, la distance de Paris à Brindisi. Il est même probable qu’à cette époque, avec les progrès des moteurs on s’occupera de construire des dirigeables du même type, de 24 000 mètres cubes, d’une vitesse propre de 40 mètres, c’est-à-dire, capables deux jours sur trois, de faire au moins du 100 à l’heure, et dotés cependant d’un rayon d’action encore très