Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continuateurs des doctrines de Photius, le désir de ne pas retomber sous le joug de l’autorité pontificale.

En 1274, au second concile de Lyon, il y eut une tentative de réconciliation ; mais elle n’aboutit pas, quoique la Papauté, qui sur ce point n’a jamais varié, eût laissé aux Grecs la liberté de conserver leurs coutumes liturgiques. En 1319, l’empereur byzantin Jean Paléologue, en guerre avec les Turcs et en quête de secours contre l’ennemi qui menaçait sa capitale, recourut, pour les obtenir, à l’influence du Saint-Siège. Afin de se l’assurer, il abjura le schisme. Mais son peuple ne le suivit pas dans cette voie de rapprochement avec Rome.

Telle était encore la situation, au moment où Martin V prenait le gouvernement de l’Église. Les événemens semblaient propices à ses desseins. Toujours en marche contre l’Europe, les Turcs forgeaient un cercle de fer autour de Constantinople. L’héritier des Paléologue, l’empereur Michel, à bout de ressources, se rapprochait des Latins, implorait leur appui et pour contracter, contre l’ennemi commun, une alliance durable, proposait d’oublier les querelles religieuses afin d’opposer aux Barbares toutes les forces de la chrétienté. Martin V n’était pas homme à négliger ces circonstances. Il consentit à recevoir une ambassade byzantine et à réunir un concile où seraient discutées et résolues les questions controversées. Mais il ne devait pas recueillir le prix de ses efforts. Le 20 février 1431, il mourait subitement, frappé d’apoplexie.

L’élection de son successeur, Eugène IV, fut saluée par la guerre civile. Dans Rome, la faction des Colonna essayait de ressaisir, à tout prix et par tous les moyens, le pouvoir que la mort de Martin V venait de lui ravir. Hors de Rome, Visconti, duc de Milan, ravageait les États de l’Église. Puis, une émeute éclatait dans la ville ; le Capitole était pris d’assaut par les insurgés ; ils proclamaient la République. Obligé de s’enfuir pour sauver sa vie, le pape Eugène se réfugiait à Florence. Entre temps, un concile se réunissait à Bâle sans son autorisation. D’abord, il lui ordonnait de se dissoudre ; puis, effrayé par la résistance qui lui était opposée, il se résignait à reconnaître la légitimité de cette assemblée avec laquelle on vit bientôt les Byzantins négocier en même temps qu’avec lui, ce qui n’était pas fait pour amener une solution favorable à la paix religieuse.

Les Pères du Concile voulaient, comme le Pape, rétablir l’unité dans l’Église. Mais ils se flattaient de la rétablir sans lui, sur d’autres bases que celles qu’il proposait et, bientôt, ils déléguaient deux d’entre eux à Constantinople afin de convaincre l’Empereur que le Concile,