mesures que le gouvernement se propose de prendre pour réaliser, ou du moins pour préparer la politique qu’il a annoncée, et qui consiste à retirer progressivement nos troupes de la Ghaouïa. Nous y avons aujourd’hui 13 ou 14 000 hommes, chiffre excessif si la pacification a vraiment fait les progrès dont on nous parle et dont on reporte légitimement le mérite aux belles opérations du général d’Amade. Le jour où nous aurons rappelé le tiers, ou même le quart de ces troupes, il deviendra inutile de communiquer à qui que ce soit les instructions données à nos officiers : les faits en diront plus que les paroles et inspireront plus de confiance encore. M. Jaurès a demandé au gouvernement quelles étaient ses intentions à ce sujet. « J’ai fait connaître, a répondu M. le ministre des Affaires étrangères, les instructions qui ont été données en vue de préparer le retrait progressif de nos troupes. Nous avons reçu du général d’Amade un télégramme nous annonçant que l’envoi des propositions que nous lui demandions nous avait été fait. Elles nous parviendront incessamment ; nous les examinerons, et la Chambre peut être certaine… etc., etc. » Les propositions du général d’Amade sont donc en route ; peut-être même sont-elles dès maintenant arrivées ; que seront-elles ? Évidemment, nous ne pouvons pas songer encore à l’évacuation totale de la Chaouïa, non plus qu’à la simple occupation de Casablanca. Une solution aussi radicale serait prématurée : mais c’est vers elle qu’il faut marcher, et nous ne serons rassurés que lorsque nous aurons vu prendre, dans ce sens, quelques mesures significatives. Jusqu’ici on n’en a pris aucune. Le langage du gouvernement a toujours été très affirmatif et ses intentions sont assurément conformes à ses promesses ; mais rien n’est encore venu confirmer promesses et intentions, et le temps s’écoule sans modifier d’une manière appréciable notre situation dans la Chaouïa. Combien de semaines, combien de mois, cela durera-t-il encore ? On a toujours l’air d’attendre quelque chose : quoi ? Le gouvernement répondra, sans doute, qu’n attend les propositions du général d’Amade ; mais il n’a mis aucune impatience à les recevoir, et si le général faisait encore quelques expéditions comme celle d’Azemmour, il serait à craindre que ses propositions ne fussent pas tout à fait conformes à ce qu’on attend de lui.
Rien ne serait plus imprudent, combien de fois faudra-t-il le répéter ? que de s’engager à la suite du Sultan ou de son frère. L’imprudence qu’on commettrait est devenue si évidente que nous ne pouvons pas croire qu’on y tombe. Nous sommes convaincus que