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grand rôle à jouer dans la vie publique, le rôle d’homme de gouvernement libéral et sensé.

Tout à vous, mon cher confrère.


1864


Val-Richer, 16 juin 1864.

Je vous écris, mon cher confrère, sans savoir où ma lettre ira vous chercher. En tout cas, je l’adresse à Peyrusse. Je présume qu’on saura vous l’envoyer de là. Mais dites-moi précisément où il faudra vous adresser mes Méditations sur la religion chrétienne qui vont paraître dans quinze jours. Je donne en ce moment les derniers bons à tirer. Si, comme on me le dit, les éditions de Londres et de Leipzig sont prêtes aussi à paraître, je ne vois aucune raison de retard. Ce volume en annonce deux autres. Je vais comme si je n’avais pas soixante-seize ans. Je me remettrai dans quelques jours au septième volume de mes Mémoires. J’ai vraiment à cœur de mener jusqu’au bout ces deux travaux. Le passé et l’avenir. Vous aussi, vous travaillez beaucoup et vous avez raison. Vos mélanges politiques et vos études économiques viendront fort à propos à la fin de l’année pour l’Académie comme pour le public. Je n’entends pas parler du tout de l’Académie. Personne n’y pense en ce moment, si ce n’est M. de Loménie qui voudrait bien avoir écrit et publié son Mirabeau avant l’hiver pour faire pendant à son Beaumarchais et se présenter avec ces deux titres à ce second héritage d’Ampère.

La politique dort malgré la Conférence ; s’il n’en sort pas une solution de la question danoise, elle sera aussi ridicule que le Congrès. Du reste, on m’écrit qu’à Paris, les duchés français ont tué les duchés danois, comme ceux-ci avaient tué la Pologne ; on ne parle que des Périgord qui veulent être Montmorency. Les tribunaux sont embarrassés d’un décret rendu, ce me semble, un peu étourdiment ; le faubourg Saint-Germain est furieux contre les Périgord, et le public s’en moque. Il n’y a que Hegel pour dire que l’être n’est rien et que le devenir est tout.


Val-Richer, 10 octobre 1864.

Conrad m’a dit ces jours derniers qu’il vous écrivait, mon cher confrère : c’est pourquoi je ne vous ai pas écrit. Je fais comme vous, je travaille, et de plus, je me promène, ce que