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appuyées par des forces assurant leur retraite et la transmission des renseignemens. Comme des combats pourront résulter de ces dispositions, les forces d’appui devront comporter de l’infanterie et de l’artillerie. Le rôle de ces forces sera purement défensif. La mise en état de défense des villages, des fermes, des bois, le soutien que pourra donner la population armée, facilitera la tâche. Il sera fait usage du combat à pied sur des positions choisies. Devant une grande supériorité de l’ennemi, une retraite méthodique s’exécutera, jusqu’au moment où, les renforts arrivant, l’équilibre des forces sera rétabli. Ainsi dans les premiers momens de la guerre, la cavalerie ne doit, ni se laisser entraîner à des entreprises offensives, ne pouvant donner aucun résultat sérieux, ni garder une attitude purement défensive. Mais lorsque les masses principales de l’ennemi sont prêtes à commencer les opérations, les devoirs de la cavalerie changent.

Elle formera les rideaux derrière lesquels se dissimuleront les mouvemens de nos troupes. Elle procurera des renseignemens sur le plus large espace possible. Il faut se rappeler que, pendant la période des transports stratégiques, le front de l’ennemi est fixé par les têtes de ses lignes de fer. Par la suite, ce front se modifie en raison du groupement des troupes, établies en cantonnemens resserrés ou en bivouacs. Elles forment ainsi des masses définies, et des intervalles se produisent entre elles. La cavalerie devra en profiter. Le moment est alors venu pour elle de s’employer sans réserve à découvrir leur force et leur direction de marche. Toutefois, les mouvemens observés pendant cette période ne seront généralement que des dispositions préparatoires ne permettant pas de conclure à des intentions définitives. Celles-ci ne pourront être dévoilées qu’après un certain temps. Mais pour les découvrir, rien ne doit être épargné, car le succès de la campagne peut en dépendre. Les renseignemens de cet ordre sont tellement importans, qu’il ne faut pas hésiter à faire passer au second plan la partie du service de sûreté demandé à la cavalerie, pour consacrer presque toute sa force à l’essentiel de sa tâche. Si le service de sûreté et celui d’information sont confiés aux mêmes troupes, on risque fort de ne les assurer ni l’un ni l’autre, et cela aussi longtemps que les forces montées de l’adversaire tiendront la campagne. Le service d’information (en France exploration) nécessite la concentration des forces. La cavalerie qui en est chargée doit balayer