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Anglais, les Russes n’ont pas de cuirassiers. Seule, la République française, qui se prétend économe, s’offre le luxe de cette cavalerie inutile en dehors des parades. Si les pouvoirs publics, afin d’augmenter leur prestige, tiennent à se faire escorter par des cavaliers bardés de fer, rien n’empêche de conserver à Paris, pour ce service, deux régimens de cuirassiers. On pourra même leur donner des lances, l’effet sera plus imposant. Mais, au moment d’une mobilisation, ces accessoires d’opéra devront être versés au magasin, et ces régimens transformés en dragons. Tous les régimens seront du même type. Les appellations : chasseurs, hussards, dragons, pourront être continuées, par tradition, ainsi que les uniformes actuels.

L’élégance des uniformes est utile pour attirer les volontaires, plus nécessaires que jamais pour le dressage des jeunes chevaux. Mais tous les régimens (comme dans l’armée anglaise et probablement l’armée allemande) devront être pourvus d’une tenue de campagne, qui, toutefois, serait portée aux grandes manœuvres. Vareuse en étoffe de laine kaky à col rabattu au numéro et à la couleur du régiment, avec poches de poitrine contenant 20 cartouches en quatre chargeurs. Pantalon large, de même étoffe, brodequins et houseaux fauves. Au lieu du casque, le feutre de la cavalerie américaine, et à la place du manteau lourd et gênant, le puncho américain. Comme armement, le sabre porté à droite. Le fusil d’infanterie, avec un couteau-baïonnette logé dans la crosse. Le fusil serait porté d’après le système anglais. La bretelle est fixée à deux boucles, l’une placée à l’embouchoir, l’autre à la grenadière. Lorsque la bretelle est en bandoulière de droite à gauche, le fusil pend à gauche, la crosse en bas, la plaque de couche à 35 ou 40 centimètres du sol quand le cavalier est à pied. Un petit seau en cuir, profond d’environ 15 centimètres, est suspendu à la selle en arrière à gauche par deux courroies fixées à la place de notre porte-sabre. L’arme ne gêne le cavalier ni dans la marche, ni pour monter à cheval. Une fois en selle, il soulève son fusil et met la crosse dans le seau (bucket). Il a les deux mains libres et peut sauter les obstacles sans que le fusil le gêne et sans en sentir le poids. La manière barbare dont notre cavalerie porte actuellement sa carabine est tellement fatigante et parfois douloureuse, qu’aux grandes manœuvres il n’est pas rare de trouver des hommes rendus indisponibles par des écorchures dans le