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cavalerie presque entièrement) de l’emploi de la lance et du sabre, en raison de la courte portée, du peu de précision et de la lenteur de chargement du mousquet et de la carabine. Des tentatives de changement furent faites lorsque le fusil se chargeant par la culasse fut adopté, mais ce n’est que dans le dernier quart du siècle que les régimens de lanciers reçurent une arme à feu autre que le pistolet. Avec un tel armement et de telles traditions, il est naturel que l’instruction de la cavalerie ait été presque exclusivement dirigée vers la tactique de choc et l’emploi de l’arme blanche, en dépit de ce fait reconnu depuis de nombreuses années que la cavalerie est impuissante contre une infanterie intacte.

« Quelle est la conséquence du développement de la puissance du feu, résultant de l’adoption du fusil à longue portée, à trajectoire tendue et à magasin ? Cette conséquence, la voici :

« Jusqu’à présent, l’arme à feu était adjointe au sabre. Maintenant, c’est le sabre qui est adjoint à l’arme à feu. Les cavaliers doivent devenir d’excellens tireurs et être constamment exercés à combattre à pied.

« Les officiers de cavalerie ne doivent pas craindre qu’en apprenant à leurs hommes à combattre à pied aussi bien qu’à cheval, ils diminueront l’élan si nécessaire à la cavalerie. J’estime, au contraire, que leur confiance en eux-mêmes et dans l’efficacité de leur service en sera augmentée.

« Les officiers de cavalerie ne se laisseront pas aller à l’idée que je ne reconnais pas l’utilité de la tactique de choc. Je suis très loin de cette pensée. Personne mieux que moi ne reconnaît sa valeur lorsqu’elle est employée, soudainement, rapidement dans des conditions favorables. Tout chef qui ne profite pas d’une occasion s’offrant à lui pour joindre l’ennemi et agir par le choc, est indigne de sa position. Mais je ne saurais accepter les théories de ces soi-disant experts militaires, qui prétendent que, dans les guerres futures, c’est dans la tactique de choc que réside, comme par le passé, l’action essentielle de la cavalerie. Je pense que le perfectionnement des armes à feu donnera la victoire au parti qui le premier mettra pied à terre, sur un terrain moins favorable pour une charge qu’une plaine unie. Toutefois, j’admets que l’occasion peut se présenter, où la charge d’une nuée de cavaliers (mais pas en ordre serré) peut avoir une